Dur d’y croire mais ce Colères, très justement nommé, est le chant du cygne de No One Is Innocent. Que depuis l’opus éponyme daté 90’s j’écoute, fort, souvent et mate autant que shoote en live dès que la clique contestataire se pointe pas loin de ma casbah. Prochaine occurrence, Saint Quentin le 14 mars. Après Amiens, Longueau, Revelles et Eu. Immanquablement, la mornifle. Sur disque ça se tient grave aussi, on le sait tous et toutes. Le Best Of agrémenté investit d’emblée L’ arrière boutique du mal au doigt levé vers la fake-news, agile, pilonneur, sur riffs solides. Un nouveau standard, que suit A la Gloire du Marché. Là aussi, envolée galopée, suivie d’une décélération pachydermique. No One sans cesse et toujours dénonce, les véreux de la politique et autres malfaisants de toutes sortes sont bien entendu dans le viseur. La Peau, l’hymne, mythique, rassemble. Indémodable. Silencio, impact massif et assaut incisif qu’atténuent des passages déliés, l’imite. Ali (King of the Ring) pas moins, cogneur de bout en bout, uppercut à l’ Amérique. Revolution.com, ses motifs virevoltants, son électro-rock tubesque, s’ajoute à la liste. Chez No One rien ne rate, Kids Are on the Run en atteste au gré d’une poussée dont je hurle le refrain, kid que j’entends bien rester. Idem sur Chile qu’à l’époque d’Utopia, au festival R4 itou, j’ai braillé fort. En live, svp messieurs-dames, attirant le sourire entendu de Kemar.
Nullement éprouvé, à l’inverse revigoré, Charlie résonne à son tour comme un intemporel. La prise de position, chez No One, c’est tout sauf une posture vendeuse ou trompeuse. Dobermann ratiboise, tous crocs dehors, insoumis, avide de libre. Frankenstein démasque, guitares de pierre et incrustes indus à l’appui. Djihad Propaganda prend le relais, compact, porteur d’une colère sans fard. Dans la succession entre assauts nourris et temps de « repos » bridés No One Is Innocent, référence d’en France, assure son assise. Forces du Désordre, indus-rock/métal chaloupé puis appuyé, évoque les dérives casquées sous couvert de gouvernants aveugles. Les Revenants d’abord susurre, dépaysant, presque jazzy. Son explosion survient, en saccades incoercibles.
Colères (se) fait justice, il fait aussi foi. Discours Charlie Hebdo (Live) s’en fait le support. A perdre la mémoire, spécialité politique avérée, on laisse place à l’intolérable. On le légitime. No One lui le dézingue, Massoud (ft. Lahad Orchestra) et son ornement magistralement orientalisant sert une valse aussi ensorcelante que retentissante. They Learn Your Love, fracas en alternance de climats que l’Anglais encheville, nous ramène aux premiers pas du groupe. Diantre, c’était quelque chose! Les guitares are on fire, bluesy trituré. Nomenklatura (ft. Fred Mariolle) (Live), également, me renvoie à l’Utopia de mes 25 ans. Comme au premier jour, en Somme, au son d’une saillie sonique percutante.
Colères s’envoie en l’air, Ils Marchent lui assigne nouveauté et qualité, dans un premier temps modéré, orageux en fond, faisant mouche de par sa retenue sur le fil. La Peur lui emboite le pas, électro-rock subtile et alerte. Même plus « sage », No One fait la différence. Le Poison (ft. Lahad Orchestra) réitère le déroutement, magnifique, à l’instar de La Peau (ft. Lahad Orchestra) (Live) et là, on se met à rêver d’un opus entier de cette même trempe. Kemar si tu me lis…bref La Peau change de peau, de parure, dans une nouvelle version transcendée. Enfin What the Fuck, perfusion rock’n’roll ébouriffante, sème un joyeux bordel de fin en sacrant la pertinence d’un No One dont forcément, fatalement, nous regrettons vivement le clap final.