Ca débute au kébab, Fil de l’ASCA me narrant ses déboires en gloutonnant son libanais. Dans ce monde où l’on cherche des poux dans la tête des gens (qui n’en ont pas), évacuer est précieux et le live l’est tout autant. Il nous sauve. Des « dirigeants », des indigents, des méprisants et de tout un tas d’autres gens. Celui de Belmont Witch, projet solo bien entouré d’une Dame de Mexico vivant à Montreuil, fut en ce sens superbe. Après mon jus de cranberry c’est le nectar Belmont Witch donc, en Mundo Rundo 100% indé joué dans un premier temps solo et dans le dénudé sonore, merveilleux, qui s’offre à nous. Un délice total, croquignolette la petite batteuse ajoute à la portée d’un concert où les morceaux en Françaispagnol se succèdent, vivaces ou plus intimes. Michèle narre ses histoires, son band joue un rock de choix. Le violon, décisif, le colore avantageusement. Nick Wheeldon à la basse fait tanguer le navire, il va de soi qu’on apprécie la traversée. Plus tard sur le canap’ de l’AF je conclurai l’achat d’un vinyle, après que la « cogneuse m’ait parlé d’un batteur doué y prenant part et que la leader m’ait gentiment proposé un virement ultérieur, signe de confiance auquel j’ai illico répondu au retour à la casbah. Belmont Witch greffe bruit et douceur, empile les titres concluants et dans l’humide d’Amiens, nous sort une prestation remarquable. Ses mots touchent, ses compos font mouche. On en ressort bienheureux, j’ai mis cinq boules au lieu de quatre (et ouais Biggy, dans la classe -très- moyenne on donne souvent ce qu’on n’a pas!, soucieux de gratifier ce qui doit l’être) et me voilà sous rire, comblé par le quatuor.
Belmont Witch
C’est dans la foulée ou presque Los Orioles, Suisses au registre au groove constitué de rock psyché, envolées latino ébouriffantes et fantaisie survoltée à s’envoyer sans trop compter, qui piétine les planches. Mots loufoques et répertoire sans chaines assurent un gig fou, funky et sans frontières, dub et sud-am’, mordant et malin. Adrien Guerne et ses acolytes, depuis 2013, œuvrent à différer et ça leur réussit. Los Orioles déroute, léger il peut ensuite dézinguer et ses paroles en French provoquent un cancan de félicité. Le trip prend aux tripes, réchauffe le cœur, dérouille les corps et libère les esprits. Il en a d’ailleurs (de l’esprit), et fait reluire une brillance musicale bien au delà de la moyenne. Les tempos chaloupent, climatique ou débridé voire les deux Los Orioles lâche la rampe et met des trempes. Eternal Sunset, son dernier EP, permet un live de haut vol. Dans son Bac à sable le septette creuse et de ses pelletées, dégote une mixture qui fera notre biture. Le globe est tourneboulé, les mecs de Biel donnent le tournis et pistonnent une venue étincelante. J’ai auparavant sécurisé -je digresse, encore-, dans ma grise charrette, mon disque à sillons de Belmont Witch. Ce vendredi c’est gâteries, la royale doublette au menu de l’AF se fendant de spectacles tout bonnement éblouissants.
Los Orioles
Photos Will Part en Live, auteur de l’article…