Après deux décennies de carrière et plusieurs opus significatifs, Helluvah répond à Will Dum…
1. Helluvah a je crois 20 ans environs, qu’est-ce qui t’a permis de t’installer dans la durée ?
Effectivement, le tout premier EP est sorti en 2007… J’ai du mal à croire que ça fait si longtemps ! J’ai eu la chance de rencontrer BobX, qui a produit tous mes disques, très tôt, en 2006, et on travaille toujours ensemble. C’est une longue et belle histoire d’amitié, de fidélité et de collaboration artistique. J’ai aussi eu la chance de toujours trouver des labels pour sortir les albums, des gens pour me soutenir. Et aussi des webzines comme Muzzart pour parler de mon travail 😉 C’est précieux.
2. Quelle vision as-tu de ce parcours déjà fourni, à l’heure où sort le petit dernier « Fire Architecture » ?
Quand j’étais ado, je n’aurais jamais osé imaginé que j’allais pouvoir sortir plusieurs disques ou faire des concerts jusqu’aux Etats-Unis… Donc je suis très fière de ce parcours. D’un point de vue artistique, je suis très contente de Fire Architecture. Il y a une évolution certaine depuis le début. Chaque disque mène à un autre et BobX comme moi, nos envies et nos goûts évoluent, et tout ça se retrouve après dans la musique.
3. Comment ce dernier a t-il été travaillé, y-a t-il une récurrence dans la composition de l’équipe avec laquelle tu œuvres ?
J’enregistre des démos chez moi, parfois très simples, avec juste quelques accords ou une ligne de basse. Ensuite j’envoie les pistes à Bob, et on retravaille ensemble. Il apporte énormément d’idées pour les arrangements, édite tout, mixe le disque. Pour Fire Architecture, j’ai surtout composé à la basse pour essayer d’aller à l’essence de la mélodie. C’est le 3ème disque qui sort chez Dead Bees Records, ça fait 10 ans qu’on travaille ensemble, le 2ème qui sort chez Jarane. Je travaille aussi avec La Fouache Management, ça fait désormais…plus de 18 ans qu’on se connaît !
4. Quel est ton ressenti maintenant que l’album est dans les bacs ?
C’est bizarre, parce que ça prend beaucoup de temps de faire un disque et après il vit sa vie… On a de bons retours, donc c’est plutôt chouette.
5. As-tu le sentiment, de par ta longévité notamment, de par ton intégrité aussi, d’être aux yeux de tous une sorte de référence de l’indé hexagonal ?
Ça me fait vraiment très très plaisir de lire ça ! Mais non, je ne me suis jamais dit ça !
6. A quoi renvoie d’ailleurs, à ton sens , le fait d’être « indé » ?
C’est déployer beaucoup d’énergie. L’industrie musicale a énormément changé depuis que j’ai commencé et tout est devenu plus précaire. Alors à la fois, je fais ce que je veux et j’ai toujours pu sortir mes disques mais c’est beaucoup de travail. Notamment pour les concerts, par exemple. Il y a moins de lieux qu’avant. Je pense que c’est beaucoup plus difficile de commencer aujourd’hui, surtout si on fait ce style de musique.
7. Tu uses du Français, de manière éparse, en termes de textes. A quelle occasion décides-tu de l’employer ?
La première fois, c’était un challenge. Serais-je capable d’écrire en français ? Ça m’a semblé plus simple de le faire avec une ambiance plus électro-pop et là, je suis très contente parce qu’on a réussi à faire un titre rock, La Nuit Américaine. Mais ce sera toujours minoritaire parce que je suis plus à l’aise avec l’anglais et que ma culture vient vraiment de la musique anglo-saxonne.
Photos D.Cluzeau