Free métal, sax-métal dirai-je même et ce, sans s’y cantonner, Killing Spree allie Matthieu Metzger (Saxophone, diy Fxs & talkbox) et Grégoire Galichet (Drums & drums), dans une formule singulière. Saxophone d’ampleur, machines auto-bâties et drumming athlétique se tirent la bourre alors que le chant, pas loin du black-métal, confère au tout un surplus de déviance. A, C and B, sur un texte de Louise Michel, exhale un (free) jazz-métal plombé que les sons d’ornement mettent en marge. Court mais marquant, il laisse place à ce Camouflage! éponyme qui lui, opte pour une vitesse accrue et des saccades aux saturations bien vues. Indéfinissable, Killing Spree parvient à s’illustrer. Disposable, charge sans concessions, l’y amène une fois de plus. Sans en être à son coup d’essai la paire, douée, a le mérite de s’affairer à défricher. Elle le fait fort bien, The Psychopomp de sa lourdeur captivante aux motifs récurrents et bien sonnant créditant à son tour l’ensemble, bénéficiant en outre du trombone de Christiane Bopp. Validé, Killing Spree bouscule la norme, s’en joue, lègue un Toute cette violence qui est en moi serein, dont le second volet sème un tumulte retenu aux airs jazzy bellots.
On en vient alors à la doublette All these bells and whistles – part I/All these bells and whistles – part II, fatras couinant du plus bel acabit. En ruades lestes, après cela plus pachydermiques que la voix encore une fois « enbeugle », les deux morceaux achèvent d’édifier Camouflage!, d’excellence, avant même son terme. Quel saxo mes aïeux! Au delà des huit minutes déferle ce rouleau-compresseur, incoercible, aux cadences variables et secousses maousses. 250 slaves prend la barre de ses salves, agile autant que bourru. Subtil, offensif, créatif et de trouées spatiales bien amenées. En toute fin de délire Chanson de cirque – Corrida de Muerte, rapide puis haché, métal hybride et sans rides, en loopings soniques déments, incitant le découvrant à réenclencher la touche play pour profiter à outrance d’une galette enregistrée live, en deux jours messieurs-dames, d’une valeur d’exception.
©Thomas Lincker