Mauvais Sang ose l’osé, dans le mot. Il traite des divers défis de notre société contemporaine (les relations humaines et amoureuses à l’ère du numérique, l’environnement, le monde de la nuit, avec ses plaisirs et ses dangers…), use d’une harpe, de violons symphoniques qui contrebalancent la puissance de frappe d’une électro-rock dansante à bloc. Sur ce La Flore, qui précède un album nommé La Faune, on trouve quatre titres que Modèle, corporel, physique et enlevé, présente avec vigueur. Une giclée contentant, aux riffs serrés, qu’un break « harpisé » » coupe avant que le flux ne revienne inonder le quidam. Impeccable. Seine, de voix féminine en pulsions bien bourrées, réchauffera lui aussi l’écoutant, et peut-être même la planète tiens, comme si ça suffisait pas. Il vire « sympho », les violons arrachent de par leur lyrisme. Deuxième tirée, deuxième succès. Sybille, plus calme, se dénude avant, sur la fin, de poster un arrière-plan grondant. Là encore le verbe touche (hum), inspiré.
On aimera Mauvais Sang, pas à s’en faire. Les excroissances soniques de Nuit venin, suivies de passages peinards, permettent une issue valable et ce, à plus d’un titre. Des vagues acides surviennent, le mot lui reste tranquille. L’alliage sonne juste, le terme de la chanson se débride et mue en un entrelac étourdissant. Les violons, à nouveau superbes, finissent le job avec maestria. Mauvais Sang s’affirme, dépose là sa patte, sa vision, et laisse augurer par le biais de son EP d’un album de valeur au moins égale.
©Louise Carles