Dans le cadre du festival Haute Fréquence la Briqueterie, lieu-clé de l’underground amienois, accueillait ce vendredi trois projets solo qui entre électro-dark, techno et autres mouvances dansables en lieu obscur ont largement tiré leur épingle du jeu. Sollicité pour clicheter, entendez par là générer du cliché, j’arrive appareil en main et réinvestis donc la Briket’, dont j’aime l’obscure allure, artistiquement colorée. Chris Imler se prépare, une poignée d’heures plus tard il enchantera la salle en jouant de la batterie debout. C’est peut-être un détail pour vous, bon je m’égare il s’agit de revenir à Oonagh Haines qui chargée d’ouvrir le bal développe un panel que le terme « électro » ne peut suffire à résumer. Ses chants varient ostensiblement, ses abords aussi, et les mouvances se télescopent. Son diaphane de nuit opère, singulier. Elle peut doomer, flirter avec le r’n’b, chanter robotisé, percuter l’auditoire à l’aide d’une techno lancée à toute berzingue. Dézingueuse de certitudes, elle se plait aussi à défricher les champs sonores. On l’en loue, son ouverture tient largement la route et savamment déroute.
Oonagh Haines
je m’offre un Coca, ce soir c’est soft et ça fait pas d’mal. La charte de la Briket’ trône dans l’entrée, bien volontiers j’y appose ma griffe. Je flâne, m’assieds car dame Fatigue après trois soirées live commence à s’insinuer. Chris Imler le Berlinois débute, après la pétillante Oonagh le bonhomme joue une électro-punk que ses tambours endiablent, là encore diverse. Il dépayse, ténébreux comme plus « guilleret », offre des valsettes pour dans la foulée grésiller sur des chaloupes souterraines. Il groove avec prestance, à l’image de celui sa ville d’origine son registre se passe de restrictions. Il ose la différence, s’en nourrit pour construire une venue à la fois racée et déviante. Au final il ensorcèle, impliqué dans moults projets il jongle avec les genres jusqu’à pétrir sa propre matière, captivante. Je pense tantôt à Suicide, me laisse désarçonner, les sons m’irriguer et la palette de l’Allemand satisfaire ma perpétuelle envie d’approches perchées. La foule exulte, Romain à la technique et Yann de son t-shirt Karkara vêtu ont de quoi smiler.
Chris Imler
Deuxième coca, grand merci à à la Briket’ pour les tickets boisson. Je conserverai le gobelet, à l’effigie du lieu. Froe Char et son électro fantomatique, dans une parfaite complémentarité avec les deux premiers intervenants, impose ses traversées de brume. Cristina Lauro, la dame en question, suinte de l’indus, le nappe de darkwave, breake et foudroie, laisse ses voix flotter et ses climats muer. Pour une dernière fois la Briqueterie, dont on approuve le choix, tamponne sa largesse d’esprit. La triplette de ce vendredi capture, emmène ailleurs, laboure des champs inédits et permet une soirée Haute Fréquence d’excellence, unie dans son insoumission, dans ses penchants avérés aux chemins de traverse musicaux, conclue par le répertoire de Froe Char et ses effluves dont nous la laissons volontiers et sans résistance aucune nous abreuver.
Froe Char
Photos Will Part en Live, auteur de l’article…