Autrefois actif dans le rock indépendant, au sein de groupes comme Parazit et Machnick, puis dans la sphère électronique (le duo Digitaline, son projet solo Gregorythme aussi), le Suisse Grégory Poncet évolue aujourd’hui sous bannière Algebra. Il y crée une pop légère, « paysagiste », lo-fi, qui folke dans la verdure, voire dans le froid Helvète, en saisissant de par ses atours. Broken Headphones illustre mes dires, aérien, orné avec ce qu’il faut de sobre dextérité. Il emporte, avec douceur, et charme quand les chœurs s’invitent. In The Trees suit, finement majestueux. Là encore, l’issue suit une voie lactée, délicate, sans l’ennui qui parfois plombe le genre. On reste en suspens, attiré. Behind This Door twiste au ralenti, pas moins beau, amicalement obscur. Le minimalisme merveilleux du décor fait mouche, subtil. The Crowning prend l’ Air, céleste. Privé de chant, il enchante pourtant, doté de cuivres dépaysants.
Sur le second volet Mystery Solved, plus appuyé, rudoie avec panache. Son tapage mesuré en fait la sève, greffé à des motifs qu’on garde et à ce chant sensible. Fever Dream revient ensuite a ce calme imprégnant, ouvragé sans planter. On souligne derechef, au contraire, le savoir-faire de Poncet. Le morceau folke sans heurts, presque B.O. dans le ton. Superstitious, électro-pop rythmée, prolonge le plaisir. Il met de la vie, dans la torpeur enveloppante du tout, et ne l’en renforce que plus encore. On prend note des sons, qui de manière régulière valorisent l’album. Ce dernier trouve son terme avec A Pale Blue Dot, spatial, fin comme un fil, fragile, à l’apaisante voilure. Opus sécure, Hyperstitious révèle mile et un atouts qu’il s’agit de ne surtout pas taire.