Dans le sillage de la joliesse de son These Gloves, Tommaso Varisco répond aux questions de Will Dum, en Français dans le texte….
1. Quand as-tu commencé la musique, qu’est-ce qui t’a poussé à t’y mettre?
La musique est devenue une partie de ma vie à l’âge de 11 ans. J’ai compris que cela pouvait m’aider à mieux me connaître, en me faisant accepter certains aspects de mon caractère que je considérais comme des faiblesses. J’ai aussi pu aborder des questions qui me tenaient à cœur, comme la question environnementale. Je me souviens que mes premières paroles étaient une tentative maladroite d’imiter Yesterday, des Beatles, sur laquelle je me suis immédiatement échoué.
2. Ton créneau est plutôt folk, quoique teinté d’autres couleurs. Par quoi a été motivé le choix de ce style?
Mon écriture est assez instinctive et j’essaie de ne pas la contrôler, mais de la laisser libre. Je pense que cela dépend de mon écoute qui, aussi variée soit-elle, s’est surtout consacrée ces dernières années au folk. J’adore: Cohen, Phil Elverum, Big Thief et Bonnie Prince Billy.
3. Qu’est-ce qui inspire tes compositions?
Voyager et visiter les pays nordiques, ces dernières années, a changé ma vision et ma perspective sur le monde. J’ai compris comment je veux vivre, et comment l’environnement extérieur peut affecter ma musique de manière positive. Les obligations quotidiennes de la vie m’empêchent cette liberté mais une fois que j’y ai goûté, je suis heureux de l’avoir traduite en un disque.
4. Ton dernier album en date, These Gloves, propose une pochette «toute en neige». L’hiver est-il pour toi une source d’idées, correspond t-il plus particulièrement à ta musique?
Chacun de mes albums a une couleur, et cette-ci finit par être prédominante sur la pochette de mes disques. La route que vous voyez, je l’ai parcourue en voiture, en Laponie. C’est un lieu magique fait de silences et d’absences, d’une lumière extérieure froide qui a un pouvoir féérique, et de la chaleur des lieux fermés qui vous attendent. Il semble raisonner par soustraction, mais au lieu de cela, vous devenez riche jour après jour. C’est un renoncement, seulement en apparence, mais on comprend que celui-ci ne s’applique pas à tout le monde.
5. Comment et avec qui as-tu travaillé à sa conception? N’as-tu pas une préférence pour le fait de travailler «solo»?
Mes disques portent mon nom mais derrière eux, il y a le travail d’un excellent collectif d’amis qui contribuent, par leurs idées et leur talent, à la réalisation artistique de chacun de mes albums. Je commence par des chansons qui constituent une sorte de concept, je donne des indications générales sur le type d’arrangement et le son que je souhaite obtenir mais ensuite, je laisse toujours les musiciens libres de proposer leur propre vision. J’aime voir les arrangements des différents instruments converser et interagir, et comment ils se mélangent pour former la chanson. Avec These Gloves, j’ai été particulièrement chanceux car j’ai eu avec moi Lorenzo Mazzilli, Luca Swanz Andriolo et Stella Burns pour le label duquel, Love & Thunder, l’album, est sorti.
Enfin sont venues les précieuses contributions d’Alessandro Arcuri à la basse acoustique fretless, Linda Varagnolo au violoncelle, Andrea Sambo au piano et Tin Sky au chant. Sans leur passion, nous ne serions pas ici pour parler de These Gloves.
6. Tes créations sont épurées, sobres. Est-ce ta ligne de conduite?
Merci beaucoup pour cette question. Autrefois mes albums étaient plus impétueux et rock, et je suis heureux d’avoir complété ma palette avec un bon résultat, soit un album qui se veut raffiné et soigné. Ce n’est pas prémédité, le processus de création est instinctif et lent car il comprend des chansons qui arrivent une à une, et ce n’est qu’à la fin que je comprends quel sera l’esprit général de l’album et quel habillage devront porter les chansons. Tout le matériel que j’ai écrit après These Gloves a déjà une saveur différente, plus électrique, et c’est quelque chose qui échappe à mon contrôle. Les chansons forment un petit journal de mon humeur (inconnue même de moi) et constituent toujours une surprise.
7. A part la musique, à quoi te consacres-tu au quotidien?
Je me consacre totalement à mes enfants. Je mène une vie très normale, je ne serais certainement pas « sous le feu des projecteurs » même si ma musique avait du succès. Je n’aime pas les foules et j’adore vivre sur ma petite île, entre mer et lagon. J’aime aussi le nord, comme vous le savez, avec ses espaces illimités et peu fréquentés. J’aime lire, marcher dans la nature et découvrir de nouvelles musiques et de nouveaux cinémas. Pendant mon peu de temps libre, j’essaie de ralentir et de me débarrasser du stress. Le monde extérieur ne nous le permet pas forcément mais nous devons respecter l’environnement, les gens qui nous entourent, prendre soin de nous et des personnes que nous aimons et qui tiennent à nous.