CREVE COEUR est Français, rien que son line-up impressionne. Y figurent en effet, jugez donc; VALÈRE BRISARD (Guitare baryton), passé par MIME et Kwoon, sonorisateur des Psychotic Monks et de Lost in Kiev; CORENTIN SARKADI (Chant), aperçu chez Enob, Panico Panico, Blanc Dégoût, Mia Vita Violenta ou encore The Absolute; FABIEN CLAES (Guitare), ferraillant chez LUGOSI et MIME; BORIS PATCHINSKY (Basse), PARLOR, SaaR, Wolves, Co-créateur du Post in Paris Festival. Et pour boucler la boucle PAUL VOID (Batterie), Contrevents, Stamp, Al-Qasar. Ni plus ni moins. Alors imaginez un peu, sous drapeau CREVE COEUR, le raffut que ces cinq-là peuvent enfanter. C’est le VERTIGE NOIR, noise en bouillon/torrent hargneux. Rythme baston, vocaux que même David Yow à côté de ça il est normal. Joli break, notes à la Sonic Youth. CREVE COEUR démarre fort, sans se réduire au frontal il a le mérite de proposer un rendu construit. COURAGE, dont le climat de départ rappelle également Moore and Co, ère première, sonne une charge alerte. Sombre, le produit laboure un bruit délectable pour lequel on se met à table. Du tourment mis en son, avec adresse, que réitère 120dB et ses riffs crus en amorce. Un parpaing noise/psyché dérangé, martelé. Là aussi l’humeur varie, sans que les brisures ne sonnent forcé. Jamais. L’assaut est ajusté, scandé, colérique. La cadence castagne, accroissant la portée du bazar.
CREVE COEUR a du talent, de la rancœur à revendre. ◊, quatrième embardée cette fois aérienne, sert de transition. Ca nous amène à FARADAY, dans un premier temps asséné, ensuite affiné. Une fois de plus, la maîtrise commande. Le morceau dépayse, presque jazz mais du bout de la terre. Magnifique. Le chant, aussi, s’assagit. la musicalité de CREVE COEUR a de la gueule, oh tiens elle se fait vitrioler là! Et bien entendu, l’issue avantage le groupe. Voilà presque de la fusion, façon CREVE COEUR, de teneur solide. POLITIQUE enchaine, il fait valser les urnes. Il pulse, se fend de loopings tarés. Le Français dans le chant passe crème, adapté. A bout de nerfs, il s’avère efficient. On calme le jeu, avec joliesse. Après ça le tapage reprend, nourri. CREVE COEUR excelle.
©Alex Le Mouroux
Sur la fin ¶, interlude psychotrope, précède COUP COUP. Une mornifle trépidante, charnelle et sans trop de cannelle, qui bûcheronne allègrement. C’est chez Atypeek que sort l’engin, il va sans dire qu’il y a toute sa place. C’est lundi soir dans mon immeuble, CREVE COEUR fait trembler les meubles et vociférer les voisins. Mission accomplie, sans un pli, et validée par ce MATHÉMATIQUE à la finesse catapultée, saccadée avec soin, porteur d’une fin noise-world/free de haut vol. Le quintette donne le tournis, ses méandres sont réfléchis autant que percutants et ce CATASTROPHES, un premier album béton sans la moindre faille.