Kool-Aid vient de Bordeaux, c’est tout ce que j’en sais et c’est bien assez. Straight Up est son premier album, porteur d’un rock garage décliné sur dix morceaux d’humeurs pétées. Valley of Goths le lance dans le fuzz, mariant les voix, grondant un gré d’une trame leste. Impeccable départ que suit Obscene, plus subtil, poppy mais aussi surfy, qui accroit les terres de recherche du trio où jouent Rémi Tourneur (Guitare, Chant), Romain Mayraud (Basse, Chant) et Emma Savarzeix (Batterie). Ca sort chez Flippin’ Freaks alors soyez-en sûrs, ça risque d’être solide. Le ton se durcit, sans que la finesse ne soit ici reléguée. Scary Body Drugstore suinte lui aussi ce savoir-faire indé Aquitain, décisif. Il fait le fou, façon Cramps, et explose dans un geyser sonore maison. Break prend le relais sur des abords pop gentiment griffus, sa deuxième moitié s’enflamme quelque peu. Rien à redire, le travail paye et chacun des titres joués s’illustre. Small Talk, débridé, punky et truffé de la-la-la/blah-blah-blah, suit la voie rapide. A mi-chemin déjà, l’issue promet grave. Un break se perche, pas loin des Pixies, et dans l’élan le direct reprend ses droits.
C’est avec Doggy Dog, épuré, que la suite sonne. Sensitif, il finit par fuzzer et tonnerrer; sa fin, elle, accélère. Straight Up régale, I Wanna Be an Ore or Anything riffe franc et se saccade à toute vitesse. Son élan se brise, il se triture. C’est le fatras lo-fi, après ça la trame se fait massive. Kool-Aid est facétieux, Chaos is Coming initie un délire à la Butthole Surfers aux bordures funky. Diantre! Oil and Me, sur plus de six minutes, couple ses « ouh-ouh-ouh » avec un rock taré, passé au soufre et bardé de motifs à la Primus, si si gros! Enfin I Decide, plus long encore, termine ce disque perfect dans l’alternance folie/digression sonique. Touché-coulé, voilà encore une tartelette indie à s’en lécher les dix doigts.