Mythique, Faust ne se présente plus. Ici, on a droit à de l’inédit conçu par le fondateur Zappi Diermaier et un groupe d’amis musicaux dont Gunther Wüsthoff, l’un des fondateurs du groupe. Uwe Bastiansen, Elke Drapatz, Dirk Dresselhaus, Jochen Arbeit, Sonja Kosche et Andrew Unruh sont de la partie, créateurs de six pièces où kraut, indus, expérimentation poussée et cosmisme psychotrope font bon ménage. For Schlaghammer, première capsule céleste, colle dub, poussées droguées, psychédélisme réitéré. La répétition des plans obsède, de même que la teneur novatrice du rendu. Künstliche Intelligenz, étendu lui aussi, laisse filtrer vacarme indus vaguement jazzy, noirceur qu’un orgue tente d’enjailler, airs de valse merveilleuse et je ne sais quoi d’autre, passé au filtre Faust. L’expérience est à part; j’irai jusqu’à dire qu’elle ne se partage pas, se vivant égoïstement. Sunny Night la prolonge, légèrement mystique, dark-folk, aussi entêtant que les deux titres auxquels il fait suite. Kriminelle Kur, massif, tribal quelque part, opte pour un cheminement encore différent.
Avec Faust, on le sait, rien n’est tracé d’avance. Die 5. Revolution, spatial dans un premier temps, hypnotise. Blickwinkel est pour le coup dans les cieux, soumis à quelques phases dérangées. Sur la deuxième moitié se déploie une volute innommable, fracassante, avant que le terme du morceau réinstaure une sérénité toute perchée. Enfin les pulsions de Kratie, exercice indus où l’errance accouche d’une électro-dark fusante, ensuite retombante et ce sur plus de treize minutes versatiles dont la fin débride complètement la cadence, bordent une création hors-champ, passionnante comme exigeante, dont la « digestion » n’opère qu’à l’issue de quelques écoutes impliquées.