Ploho est Russe, il niche en Sibérie. En trio à la voix grave et froide, un brin crooner, il délivre une cold-wave des plus dignes. Почва, son, nouvel album, déploie celle-ci sur neuf titres dans un premier temps enlevés, la triplette Гештальт/Я буду жить для тебя/Фарфоровые птицы devant autant à New Order (les lignes de basse) qu’à Joy Division ou encore The Cure. Tout ça est passé au filtre Ploho, ce dont résulte une amorce de valeur. Тайга и Байкал fige le tout, moins rythmé. Aérien comme souterrain, clair comme ténébreux, il précède Страшно и точка qui porté par sa cadence franche, ses emportements sonores mélodieux mais impétueux, fait mouche à son tour. L’usage de la langue-mère, il va de soi, contribue à racer l’opus. Красота не спасёт мир file également, on y retrouve les mêmes ingrédients. Les nappes synthétiques englobent les chansons, bien conçues.
Ploho, sans rien retourner, est à son avantage. 0 Край ночи (ПТВП cover) revient à de l’atmosphérique, avant une fin plus saccadée. On traite, sur Почва, des maux sociétaux. Il y a donc de quoi dire. Печаль, d’un Disintegration à un Faith, pour l’exprimer dans le désordre chronologique, lance la fin sans vaciller. L’éponyme Почва, enfin, clôt le disque dans le venteux, la grisaille sertie de plans électro dirai-je, à l’issue d’une collection sans défauts perceptibles.