De Beings je sais peu de choses, si ce n’est qu’il vient de New-York et expérimente, à l’aide entre autres d’un saxophone couineur. Je le découvre avec ce disque, There Is A Garden, fertile. Small Vows laisse l’instrument délirer, fiévreux. Une sphère psyché déchirée se crée, prenante, incertaine. Flowers That Talk, dans un premier temps folk, exotique, agité comme chloroformant, fait merveille ensuite. Le chant s’y glisse, épars. On part, dans l’ailleurs. God Dances In Your Eyes, tel le Sonic Youth des débuts, trace un bruit noisy aux airs de drone. Ici comme là-bas, on s’éprend. De relatives accalmies surgissent, la psyché est mise à mal et on ne s’en offusque pas. L’harmonium tisse, accentuant l’emprise. In The Garden et ses poussées de sax, free, dépose sans crier gare deux minutes et moins de vacarme sans règles. Après ça Face Of Silence, d’un boucan à nouveau indépendant, génialement brouillon, joue une no-wave digne de ce nom .
On continue volontiers, il y a sur ce disque de quoi partir sereinement en vrille. Sun Greeted, entre déviance et notes éclaircies, percute d’ailleurs la glissière (d’insécurité). Beings, en forme (bancale), se joue de la norme. Son feutré Happy To Be, jazzy, menace de rompre. Au bord du ravin, il ne s’y précipite pas mais il s’en est fallu de peu. On reste en suspends, Morning Sea instaure des abords folk fins et la voix revient, délicate, songeuse. Beings est passionnant, Do Come Again met un terme à l’échappée belle sur 6.33 de musicalité aérienne, flottante, qui n’hésite pas à tanguer. A l’issue on salue bien bas Zoh Amba (saxophone, vocals, acoustic guitar, harmonium, piano), Steve Gunn (electric guitar), Shahzad Ismaily (bass, synth) et Jim White (drums) pour la singularité de leur ouvrage (hors du) commun.