Basé à Bruxelles, hébergé chez Glitterbeat où ça innove sévère et de manière régulière, AVALANCHE KAITO allie le griot urbain Kaito Winse, né au Burkina Faso, le guitariste belge Nico Gitto et le batteur/producteur français Benjamin Chava, qui sans cesse défrichent. A trois, les hommes marient noise, tribalisme, expérimentation et groove dépaysant, qui de droit leur revient. Talitakum, deuxième album de l’union sacrée, renferme ainsi neuf pépites possédées, pas loin de la transe, que Borgo et ses neuf minutes passées introduisent dans un bourdonnement grondant, frénétique et habité. On pense, pour la mixture, à Ndox Electrique ou encore Ifriqiyya Electrique, d’esprit et de puissance similaires. Etourdissante, l’amorce envoûte sans rémission. Shoya, plus court, se fissure selon des sonorités brutes, parle indus, rue noise, et ne se qualifie finalement pas. AVALANCHE KAITO est sans égal, c’est déjà un évidence. Donle, plus atmosphérique, moins sous tension, étire le spectre sonore et musical. Ses percussions le font tanguer, on se retrouve à nouveau désarçonné.
Plus loin Tanvusse, typé africain, balafré par une rudesse « noisindus » de marque, précède ce Viima qui passé un début ensorcelant, psyché, refoule des pulsions fusions géniales. Avalanche Kaito dépasse du cadre, dont il se fout comme de l’an quarante. J’ose à peine imaginer, en live, l’impact de tout ce toutim. Ses vertus fédératrices, aussi, par le biais de ce brassage enivrant. L’éponyme Talitakum et ses riffs à la The Ex, qui déflore, enragé, appuie mes propos avec virulence. Il se saccade, se flute et à son tour gagne nos tripes. Il m’a fallu, pour dompter ce disque, trois à quatre écoutes. A l’issue, je n’en décolle plus. Ghostdrum exp3, interlude free-jazz barrée, le renforce et laisse place à Lago qui lui, instaure un fatras rythmique et sonique ahurissant. Enfin Machine (The Mill), ultime embardée à la destination inconnue, d’une force de frappe african/indus/jazz libre et bien sentie, sauvage et de terres inexplorées, se charge de finir une galette épatante, qui nous arrache manu militari à nos bases et nous interdit toute prétention de retour.