En 1984 les obscurs Sprung Aus Den Wolken, de Berlin, sortaient leur premier EP éponyme. En ce mois de juillet les incontournables Bureau B, maestros de ce type de ressorties, le rééditent en l’agrémentant de « early tracks » qui le complètent magistralement. Au final, on obtient quinze morceaux barrés comme la formation sait les concocter, à partir d’un Dub & Die déjà perché, dub oui mais pas dans la ligne droite. Psyché, enfumé, traversé de soubresauts nerveux, il hypnotise et aussi, secoue. Komm her sing mit, funky et post-punk, le seconde sans plus de normalité. J’adhère, depuis ma découverte de The Story of Electricity, à tout ce qu’a pu faire la formation. Déjà honorée ICI, elle cingle un Jeder Tag syncopé qui riffe sec et castagne son rythme. Puis Soso, dub excentrique, en quatrième exercice de génie irraisonné. Ou encore Gegen den Strom, dépaysant, un brin tribal, avec ses chants hallucinés. Nichts im Sinn, dans la foulée, jouant une sorte de jazz pourfendeur de cieux qui n’est pas sans conséquence sur le psychisme. C’est pour ça, entre autres atouts, qu’on affectionne Sprung Aus Den Wolken.
Leidenschaftlich, avec ses plans tarés, trace soudainement. Post-punk mais pas seulement, il précède le quasi blues -mais finalement non- Bevor sie dich töten, indéfinissable, indispensable surtout. On est dans les compositions courtes, Schwing l’est et ne manque pas d’intriguer. Lust-Last-Liebe, si je ne m’abuse, lance alors la série des bonus. Remastérisés depuis les cassettes d’origine, ceux-ci partent en vrille et captivent. Sprung Au Den Wolken est le témoin d’une approche, d’une époque, et la chanson en question opte pour la démence fracassée. Schür die Glut calme le jeu, mais grimpe au zénith et psyché, se pare de vagues cintrées. Créatif, loin des cadres, 1981 – West-Berlin est une pépite totale. Que Pas I, dark-folk semble-t-il, fait dans le dépouillé. Que Pas II, plus indus, plus bruitiste, lâche la rampe. Pas Attendre I lorgne vers la même mouvance, cold et indus, et percussionne obstinément. Des vocaux délicats le décorent, puis Pas Attendre II, en final, se dépare de tout boucan pour offrir un canevas orchestral, subtil mais aussi en marge, au bout de ce 1981 – West-Berlin immensément décalé.