A Amiens sur la Fête de la Musique, j’évite directo et délibérément Saint Leu. Lieu des bœufs, repère des lascars, l’endroit « à tout l’monde ». Je préfère les recoins, le son des nichoirs, la zik qui dévie. C’est pourquoi, après avoir pourtant inspecté avec bonheur (à la Tour Perret svp messieurs-dames, veuillez noter l’embourgeoisement!) les excellents The Mean Ones, rageusement prometteurs, puis The Anti Noise League et son post-rock merveilleux troué de noise et de stoner, aux voix d’ailleurs (au 1001 Bières cette fois), je pris la direction de l’AF. Refuge, sûr, dédié à ce son qui me vide et me déride. Endroit où l’on se repait, à intervalles rapprochés, de formations aux tracés polissons. Ce vendredi et pour appuyer mes dires Maria Violenza y officiait, suivie de ces ¡ Duflan Duflan ! que j’attendais tant, me privant pour eux de Karkara à 1001 Bières. C’est dire…mais allons, après un libanais à Elboeuf mon attente débute. Elle sera longue, quasi insupportable. Irritante. Maria enfin se met à jouer, elle crée des sons que ses machines ensuite recrachent et diantre, le recette fonctionne sévère! Elle chante dans sa langue, ça dépayse et à l’arrivée je me dis que j’ai bien fait de m’accrocher. Grinçant, synth-punk, saccadé » comme entrainant, le cahier de sons de la dame Violenza a tout pour plaire.
Maria Violenza
Acclamée, elle en remet une salve. Puis ça s’affaire, comme si d’un seul coup l’AF se rendait compte que l’horloge tournait. Resté je suis, heureux j’en serai. Je remarque, à ma droite, une demoiselle figée, t-shirt NIN sur le dos. Pas le temps de shooter, la pulsion ¡ Duflan Duflan ! prend tout le monde par surprise et mazette, quelle énergie, quelle sens de la déviance! Disco destroy, déguisé comme le sont this evening les ressortissants de l’AF, l’alliage de trois marioles marie vocaux criés, groove d’une basse folle, batterie non moins surexcitée et mixture innommable, totalement bonheurisante. ¡ Duflan Duflan ! ébouriffe, il a ici toute sa place et se poste au mitan des tendances, dans une approche qui ne revient qu’à lui-même. New-wave frappée du bulbe, post-punk de travers, nappes de synthés psychiatriques. J’enfile la camisole, ça sera mon déguisement perso. Des slams se produisent, sans vautrage terminal. Je reste bien droit, bas du dos pété mais ¡ Duflan Duflan !, lui, suit des courbes enivrantes.
¡ Duflan Duflan !
J’aperçois Paillette, Karine aussi, à l’accoutrement seyant. Elles aussi tirent profit, ¡ Duflan Duflan ! constitue pour tous une trouvaille maousse. Ses ruades rameutent, il est tard mais à c’t’heure je suis bien loin de m’attarder aux aiguilles du temps. Espiègle, excentrique, la clique met le souk. Putain de ses morts j’adore, dame Bienséance excuse-moi l’expression mais quand la passion te tient, ben t’y peux plus rien. Exotique et fantastique, ¡ Duflan Duflan ! c’est pas des glands. Décidément…seul le clap de fin me fera cesser (de faire le Gilles…de la Tourette bien sûr). Il survient, au bout d’un concert qui éprouve les corps et régénère les esprits. Je redémarre, devant moi Florine pédale et dans le rétro j’aperçois ses signes. Au retour je trie -les clichés-, refait. Elle est bien rentrée (Florine, ça va de soi). Le coucher est tardif mais salvateur, j’ai été sélectif et m’en félicite. Ce samedi j’errerai, encore rien décidé mais gageons que l’imprévu me permettra de nouvelles tranches de vie sans creux ni temps morts.
¡ Duflan Duflan !
Photos Will Part en Live