Les Mercuriales, deux tours sur le bord du périphérique, est aussi -et pour le coup surtout- un groupe fondé autour des chansons du romancier Jean-Pierre Montal (La Nuit du 5-7, Leur Chamade), épaulé par Thomas E. Florin (basse), Samuel Ramon (Entracte Twist, batterie), Stanislas de la Fuzz (Entracte Twist itou, saxo), Fred Collay (guitares, flûte traversière) et Sophie Massa (À trois sur la plage, claviers). Pluriel dans sa composition, il l’est aussi dans le contenu qui musicalement surprend et sans ambages, cloue les ambiances et reliefe ses vocaux. Expressif, l’album qui de tout cela résulte, nommé Les choses m’échappent, stimule les ressentis. En six titres et pour ce faire ça lui suffit, il impose sa patte. Les Choses M’échappent, éponyme, associe vie et mort, dans sa diction, l’une indissociable de l’autre, et nappes jazzy d’une feutrine aiguisée. La richesse du décor sonore, son velours hérissé font de ce début une véritable réussite. Montal et consorts font merveille, dans le mot comme dans la note. Les Silhouettes, Reedien dans le chant, suit une voie semblable, se parant d’une beauté un tantinet « saignée ». Ses riffs sont secs, son style tout bonnement imparable. J’attends le posthumain, de cuivres chaufs et free en assauts rock sous tension, cadencé, sonne lui aussi avantageusement. Sa fin tonne, noisy comme la Jeunessse Sonique, au terme de dix minutes sans aucune trace d’ennui.
Au mitan des histoires donc, l’auditeur est happé. Déjà. Marée Basse délie le tout, la valeur perdure on n’en doutait guère. Désabus, vie bancale et sans ressort mais le rendu lui, en est pourvu. Ecrits, mais après les selles, comme un précieux rituel. Rock bluesy, magnifique, aux ressacs ici et là remuants. Les Mercuriales plaira et plus que ça, postera une vision qui ne doit rien à qui que ce soit. Je Pratique le Tir, lancinant, perfuse un canevas jazz enfumé. Les choses m’échappent mais le groupe, lui, a la mainmise sur ce qu’il crée. Ses poèmes inspirés, qui le monde tentent de racoler, ajoutent à sa portée. Je Pratique le Tir, dans sa ligne de mire, a pour cible le pire.
Photo Guillaume Mobstair
A la fin des tranches (de vie, d’humain(s)) Trilogie, raffiné, plus souillé ensuite, mentalement malade (en ses textes), termine dans la superbe. A l’heure des au revoir, il vire au vacarme doté de « Ouh-ouhhh » qui en allègent le poids. J’apprécie, Les choses m’échappent mais Les Mercuriales en équipe de taille reste plantée à mes côtés. On a même droit à des offrandes, qualitatifs, avec Dying On The Vine (Bonus Track) et son Anglais distingué. Mais aussi Et Soudain la Pluie (Bonus Single), qui nous averse sans manquer de chien, loin s’en faut. Retenu, le titre ondule au gré d’une joliesse fissurée. De haute volée, Les choses m’échappent est une œuvre commune entièrement immersive, incisive, d’une matière sans travers et de vers agiles.