Mythique, le Swell de David Freel (guitare, chant), Monte Vallier (basse) et Sean Kirkpatrick (batterie) voit son incontournable 41, initialement paru en 1994, ressortir via les excellents Talitres. D’un folk-rock aride, unique et bien à lui, le trio innove et trente ans après, continue à séduire sans reluire, d’humeur grise, enregistrant en un lieu où le dépravation bat son plein. Il fait malgré ça merveille, la splendeur désolée de ses créations nous les rend d’autant plus attachantes. Et éternelles, résistant insolemment à l’épreuve du temps. In the Door, Up the Stairs et ses bruits de vie l’annonce, c’est de la haute couture jouée dans le vrai, sans artifice, d’une tranchante finesse. Le chant éplore, superbement désabusé. La batterie, comme jouée près de nous, ces guitares ciselés, de leurs trames folk qui virent au doux noisy, charment sans rémission. Is That Important?, questionne le groupe à l’occasion de sa deuxième salve. Bien entendu, et le bonheur de réentendre Swell se passe de tout commentaire. Song Seven, lo-fi sans failles, déploie une allégorie à la Swell justement, prenante jusqu’aux larmes et dotée de secousses bruitistes bienvenues. Kinda Stoned, martelé, hausse le rythme et resplendit. Je jubile, de ce 41 je ne pouvais concevoir de ne piper mot.
Don’t Give, d’abord sifflotant, joue un folk d’ombre. Swell, actuellement en tournée, n’en finit plus de briller, dans le gris décliné. Smile My Friend sclacke joliment, finaud, alerte aussi. On entend, dans ce que fait Swell, le « flemmard » génial d’un Pavement. Forget About Jesus, à la guitare sèche que secondent des volutes majestueuses, impose lui aussi ses magiques contours. Dédiée à la mémoire de David Freel, prématurément disparu le 12 avril 2022, cette ressortie remastérisée réhausse encore un album déjà magistral. Here It Is, saccadé, ombrageusement rutilant, attire et en sa fin, fait dans le nerf. You’re So Right lui emboite le pas, noisy/folky, et réédite cette voix entêtante, de nature à nous encheviller dans le ressenti.
Fine Day Coming, dont l’intitulé aujourd’hui trouve tout son sens tant l’écoute est fructueuse, riffe et à son tour, valorise l’opus sans délai aucun. Swell est sans égal, (It’s Time to) Move On et sa cadence franche ainsi que, récurrentes, ses poussées de sève le démontrent. Down the Stairs, Out the Door, à l’heure de clore et avant ce Lyrics expérimental, retranscrit la vie, son vacarme, la grisaille d’un terne quotidien. Le notre, grâce à ce 41 entièrement ensorcelant, n’en est au contraire que plus solaire, éclairé par la portée d’un disque merveilleux.