Dévore est strasbourgeois, synthétique et mélodique, énergique aussi, et ses sons traversent les époques. Avec succès. Silent Park est son tout premier EP, il risque de l’amener à bien débuter. Il défie la norme, flirte parfois avec sans l’embrasser, dévoile un panel étendu et bien tenu. Damage is done l’inaugure en filant, riffs francs sur vitesse de jeu affirmée. Les vocaux, variables, typent le rendu et les synthés l’étoffent. Un brin 80’s mais façon Dévore, le morceau breake nuageusement et dans la foulée, reprend son allant. Première fournée de choix, que suit No Lullabies et là, un clair-obscur remuant nous happe. Devenir meilleur, optimiser ce que l’on est en dépit d’une époque tronquée, voilà entre autres de quoi traite le projet. Et ça l’honore. Il le fait de manière dansante et dansable, dans une étoffe rétro que les moyens actuels viennent parfaire. Il s’agit, assurément, d’une belle découverte.
Au mitan de l’EP Silent Park, éponyme, situé entre les B 52’S de Mesopotamia (ah yes!) et les Happy Mondays (yes again!), dégaine une sorte de post-punk excentrique, tantôt alerte tantôt céleste, lui aussi bien ficelé. Regard des autres, sentiment d’appartenance sont pour le coup disséqués. Ca m’évoque non seulement mon job, mais aussi les cours de sciences sociales auxquels je me rends encore. J’aime ainsi, à l’écoute, la trouvaille que constitue Dévore. People, cuivré comme je ne sais plus quel Daho (ah ça y est, c’est Il ne dira pas sur le mythique Mythomane), légèrement funky, se permet de briller. Sans trop de paillettes, à vrai dire juste ce qu’il faut pour faire la diff. Et imposer sa griffe, qui par passages me fait songer à d’autres strasbourgeois nommés Crocodiles.
Photo Clara de Latour
Dévore fait fort, Cloudy Morning grésille, aussi psyché que presque dub et inclassable. L’absence d’une référence solide, ici, parentale, est au programme. C’est dans une forme de funk barré, exotique, spatial et spécial, que par conséquence Silent Park se termine. Soniquement concluant, au gré d’un brassage réussi, il marie mots et textures sonores sans jamais faillir, le temps d’une série de cinq à la qualité audible.