Victime d’échecs générationnels cumulés, successifs, qui derrière eux laissent une époque en totale déliquescence, AKIRA & LE SABBAT a décidé de danser sur ses ruines. Il y insuffle vice, audace et révolte; poings serrés et bras tendus, il s’illusionne et s’affranchit de tout qui ce jour l’entrave. Saoul de son, ivre de vie, il claque un zbeul musical dément, dansant et d’encens, qu’il intitule Poudrière. Sa barricade à lui, érigée en barrière à l’absence de futur. Solide, elle entretient l’espoir. Elle bousille l’intolérance, massacre la bien-pensance, à l’imposé oppose l’Amour. Elle fédère, appelle à l’union, et signe pour appuyer sa démarche cinq tires agités. KLNX, provoc’ sexuello-droguée, jouit sur l’auditeur. Ode au plaisir, à l’ouverture, au charnel d’entre les genres, il partouze entre les mouvances. Un tube indélébile, rock et électro, où les voix se mélangent comme Greg et Vince, ou Marie et Pauline ou encore Alice et Olivier. Toute ressemblance avec des personnages existants serait purement…plausible. Nappes de synthés, verbe sans filtre et allant décisif renforcent ce début fatal. Akira & le Sabbath, ça copule dans la grisaille de l’existence. Ardemment et allègrement.
On oscille déjà, d’Amour et de joie, quand survient VHS. Pop-rock aussi enlevée qu’aérienne, la rupture sert ses mots et cheville sa portée. Akira & le Sabbat pépite son EP, y narre l’humain et ses travers, ses sentiments sous toutes leurs formes qui bien souvent se déforment. Poudrière met le feu ou tente de l’éteindre, c’est selon, et joue un Vice qui crève l’écran, à cran. Inclassable, électro peut-être, décoré comme l’EP en entier avec une belle dose de goût. Refrain obsédant, vagues de sonorités en loopings. Vertigineux. Antichrist, trap démoniaque, et comme à l’habitude ces textes qu’on ne cessera de décortiquer. Volubiles, loin d’être débiles, lourds de sens et d’amours broyés qu’on ne sait plus comment dire. Guitares, lyriques et féroces à la fois. Un peu comme nous, en somme. Poudrière s’écoute jusqu’à satiété, si toutefois celle-ci survient. Requin, balafre galopante, rock organico-synthétique, détruit tout et même ceux qui y prennent part. Poudrière est un manifeste à six têtes, sonique, qui à son monde fait la nique à en tremper les draps. A broyer le désenchantement, à le célébrer presque, avec la langue et tout l’toutim, il finirait par nous faire oublier que ce qu’il combat ici, avec de réelles vertus musicales et une identité prononcée, c’est la bonne veille ère de merde qu’on est tous en train de se fader.
Photos Noémie Lacote