Planant bien haut, j’entends par là en termes de niveau atteint, Les Soucoupes Violentes sortent un J’irai ailleurs qui à ses côtés incite à rester. Chanté en Français, rock et sans détails superflus si ce n’est la foule de bonnes idées émises par Stéphane Guichard et (bonne) compagnie, il a été enregistré au Black Box, par l’indispensable Peter Deimel. Comme si ça ne suffisait toujours pas, Stéphane Gillet et les Soucoupes Violentes en personnes en ont géré la production, avec l’appui de Nick Wheeldon. On est donc bien paré mais à ne jamais croire que ce que j’entends, donc en live ce que je vois enfin bref, j’appuie sur le play et là, la vérité s’érige. Fière collection, J’irai ailleurs garde la clique bien verte et de sa garage-pop aux mots vrais, prouesse de bout en bout. Le très alerte Des plans sur la comète donne le ton, enlevé. Ca sera rock, joué avec générosité. L’instrumentation est large, mais sans méandres. L’apport d’Elsa Sadet est conséquent, autour d’elle personne ne faillit et Chanson conne, loin de l’être, fait valoir cette prestance dans le jeu. Dans le même temps, il confirme l’option entrainante de l’opus. J’irai ailleurs est une bouffée d’air frais, vivifiante, aux mélodies valables.
J’irai pas, qui dans ses termes m’évoque le J’irai pas de Brigitte Fontaine sur son incontournable Terre Neuve, fouette un rock impétueux. J’en aime le Farfisa, j’en aime bien plus que ça car vous l’aurez compris, J’irai ailleurs renvoie une certaine urgence. Les Soucoupes Violentes pètent la forme et mettent ici la forme, le fond n’est pas sans valoir lui aussi et J’en suis content, plus délié, complète le tableau avec panache. Sa belle envolée, un brin distordue, le met en exergue. Dans la foulée Achille, entre finesse du décor et verbe où j’entends Bashung, allez savoir pourquoi, claque de la belle pop dans un tout déjà fringuant. Il s’emballe, flirtant avec l’excellent. Lune froide riffe ensuite vigoureusement, il sert aussi de belles notes étoilées. Ca passe crème, ça fait du bruit et celui-ci porte des fruits. On en arrive alors à la face B, face A sans perfectibilité en tête. Dans les rues, d’un rock ombrageux, poursuit chantmé. J’adhère, j’adore. On a droit, encore, à des ornements attachants.
Sur un nuage, saccadé, beau de par ses sons, fulgurant de par son rock, acéré, trouve son équilibre. On en est fort aise. Rock’n’Roll Heart fait bien les choses lui aussi, d’un rock vintage tempéré -j’allais écrire tempêté- juste ce qu’il faut. A sa suite Tout le monde t’aime (quand t’es mort !), à l’intitulé particulièrement éloquent, suinte lui un rock urgent. Il dit vrai, ça ne le rend que plus authentique encore. « L’important c’est qu’ça sonne », chante ironiquement Guichard dans Chanson conne. C’est le cas, ça sonne et ça dégomme mais derrière ça, persiste une matière verbale qui n’est pas celle d’un trou de balle. J’irai ailleurs dégaine, vers sa fin, Ta villa à Saint-Cloud. Elle abrite un blues-rock de teigne, gouailleur, qui griffe et fait la diff’. Stylé, très stylé. Une idée du paradis se missionne alors pour finir le job, ça se déroule entre le fin et les pointes plus éraillées. Comme toujours, le rendu se tient sans forcer et Les Soucoupes Violentes, pour leur quatrième LP depuis leur réapparition en 2008, nous laissent là une fournée sans défaut aucun.