Cinquième album de The Conformists, de St.Louis dans le Missouri, Midwestless est leur premier en trio, suite au départ de Mike Benker qui tenait le micro. L’aventure continue, elle se joue sur des plans noise teintés de math-rock dont les motifs se répètent d’emblée, le temps d’un . (vous ne rêvez pas) aux saccades souples mais bourrues, dans l’insistance, et ça finit par vous gagner. Steve Albini en personne assure mix et enregistrement, c’est un atout de plus. Le chant se fait rare, toutefois chacune de ses apparitions apporte un réel plus. Sur le titre d’amorce il éructe, en même temps que la chanson s’énerve. Je remarque alors, occupé à écrire, que nous en sommes à Song for Rincón Pío Sound, deuxième dégelée qui fait suite à . et ses dix secondes de durée. Arrive alors Psh Psh, tout aussi syncopé, qui se pare de quelques sons clairs. L’apparente complexité des structures passe comme une lettre à la poste, d’autant plus si en lecteur de Muzzart vous êtes familiarisés avec The Conformists et leur absence de conformité. Ils n’en font qu’à leur tête, atténuent ici leur impact, affinent le propos après avoir écorché la copie. Parfait.
Wrong Off, quatrième parpaing cru mais leste, riffe sec bien qu’éparsement. Il obsède lui aussi, mue presque psyché voire céleste. Il dépayse, laisse filtrer du tribal, et valide l’excellence de Midwestless. Le chant revient, assez serein. Réussite. Mr. Biron méritera la même distinction, sa basse l’amène à onduler et là encore le chant vient typer l’issue. The Conformists assure, jamais pris au dépourvu. On n’a pas encore tout vu, de plus, puisque la fin tient en une plage de plus de dix minutes intitulée Five-Year Napsence. Elle décline, variable et réitérée à la fois à souhait, l’étendue de l’action de la clique américaine, bousculée par des ruades abruptes et des hausses de rythme bien placées. L’objet est de plus bien beau, c’est une constante chez Computer Students™ et ça ne fait bien évidemment que renforcer l’attrait de cette nouvelle sortie de valeur certifiée.