Mon dernier concert en appartement remonte, c’était si je ne m’abuse Deliluh (novembre 2019) et ce fut bien bon. Rock un brin arty, marquant. Ce samedi soir et dans une autre tanière obscure de la ville Oscar Palace et Lila Ehjä, chroniquée par mes soins pour son excellent Clivota, eurent l’honneur de nous plonger dans leurs sphères respectives, bien immersives, en se succédant. Je roule alors, direction connue, vers ce lieu proche de la rue Daire où en foyer je fus stagiaire. Plus en proximité, encore, avec l’école la Salle où j’intervins auprès de 3ème bien frappés. Craignant l’absence de lights, j’ai de quoi dans le coffre. Un peu de flouze, aussi, pour les groupes et les breuvages. Et le t-shirt Les Thugs, parce que référence. L’appareil, fidèle.
Oscar Palace
Je tape: Nico lui-même, louable organisateur, m’ouvre. A l’intérieur on est bien, la Nébuleuse ravit les papilles. Les artistes se font attendre, plus tard j’apprendrai de Lila que la route fut longue, conditions obligent. J’ai avant ça bavardé avec Antoine, à la technique, et son homonyme qui lui, cogne des futs. Oscar Palace prend place; nous allons alors profiter d’un show déjanté, sonique et psychiatrique, que je peinerai à qualifier. Peu commun, cold, synth et torturé, le set bouscule le bien mis. C’est du boucan enthousiasmant, hors-cadre, EBM par ici, indus là-bas, Suicidien parfois. D’en faire partie on se réjouit, soumis à des vagues qui peuvent aussi flirter avec le post-punk. L’attirail est réduit, mais l’impact optimal. Une pincée de lyrisme, à l’envi, en surgit. Lila à ma gauche s’agite, slogan DIY or Die sur le dos. J’apprend qu’elle a du merch, me faut un t-shirt. Victor boucle un concert de niche, surtout pas de riche, qu’on s’empresse d’acclamer. Perfusé à la colère, le performeur s’en sort avec les honneurs. J’ai bien fait de venir, au Sombrero il y avait Trouble Fait mais le son engendre des choix.
Oscar Palace/Lila Ehjä
Sur ces entrefaites Lila Ehjä s’installe, sa cold-wave lancinante ou cadencée va sans tarder nous plonger dans une sphère brumeuse, hantée, complètement prenante. Des relents goth la bordent, elle chante mi-sensuelle/mi-batailleuse. Depuis ma « review » j’attendais ça, je le vis ce soir et j’en tire de fortes lampées, dans une pénombre seyante bien que m’interdisant toute qualité photographique. Ghost love est une rafale, j’ai ça et là le sentiment d’entendre un crachin shoegaze renversant. La guitare amène du mordant, des motifs cold bienvenus et bien trouvés. Après le one-man-band, c’est en mode girl que ça se joue et croyez-moi, Lila a largement, dans ce registre, de quoi se faire valoir. The book, à l’instar de son live, est une délicieuse dégelée. Sur d’autres titres le climat se fige davantage, opaque. Sur Worship, c’est APTBS qui s’invite rue Gribeauval. C’est la Noyades ce samedi, et personne n’en réchappera. La parisienne, de ses chapes grises, capture l’assistance. Dansante ou médusée, celle-ci adhère.
Lila Ehjä
Autonome, Lila promet et si tu la promeus, alors persiste. Son yö, premier jet aux textures d’ores et déjà attirantes, vaut lui aussi le détour. Elle mérite de percer, mérite les égards, récolte à l’appart’ des bravos nullement usurpés. Sa Cold music for hot people, personnelle mais partagée, louvoie jusqu’à Clivota. Celui d’une lumière rouge, du pavé trempé, spleené et stylé. Lila repend Oto, preuve de goût indéniable. Son son est aussi mien, je l’en remercie vivement. Grâce à elle je m’échappe, l’espace de quelques plages, dans un salvateur ailleurs. Il me faut partir, le cadran a tourné et demain pas de relâche mais je ferme la porte heureux de ces prestations en appartement concluantes, à réitérer sans trop trainer.
Lila Ehjä
Photos Will Dum