Né en 2011, sous le nom de Ronan K. et alors composé de Ronan Kéromnès et Stéven Rougerie (Oscar Matzerath), le projet a sorti un album en 2018. Pour ce To Dust sous estampille From Grey, il s’est assuré les services de Nicolas Delaqueze (Bloue, Atma Gumbo Blues), dont les percussions dynamisent un ensemble splendide. Entre guitare folk antique, harmonica, slide et banjo, futs en vue et coups de fouet signés dame Electricité, les dix morceaux livrés dégagent une patine bluffante. Ombrageux parfois (This Life Is Not For Me, épais autant que peaufiné), il démarre en laissant à Soldier, d’un pur à faire pleurer les yeux, le soin de dégager la route. Instrumentalement, dans les vocaux de pair, le rendu tend à l’éclatant. Billie, au cachet rétro poignant, charme pareillement. On sent une force, latente, qui ne demande qu’à se libérer. C’est chose faite sur Salem city, où l’harmonica s’illustre et il n’est d’ailleurs pas le seul. C’est le tout qu’il faut saluer, collectif et travaillé.
Pictures Of You, où j’entends presque Violent Femmes, sent l’urgence folk. Il sifflote, serein, avant de se terminer. To dust, éponyme, prend alors la parole et d’un timbre une nouvelle fois typé, d’une ambiance dont le terme se trouble, vire au gris, fait sensation(s). You hate me, passé le This Life Is Not For Me mentionné plus haut, suit en se fissurant élégamment. Qu’il se dépouille ou fasse le choix d’un panel plus large, From Grey fait preuve d’identité. Marauder le marque country, avec le succès qu’on lui connaît. Le trio a l’art, on l’entend, de l’étayage. Ice Storm s’obscurcit, réduit à l’essentiel, et percute sur ses dernières salves, électrique. To Dust, travail d’orfèvre, s’appuie alors sur Dead For Halloween, son final, pour conclure dans le bridé racé. Son disque, magistral, épicé par d’épars coups de mistral, lui assurera une juste et méritée reconnaissance.
Photos Victor Renaudin