D’Abbeville je connais bien des choses, bien des lieux. Mais le Rex, niché au pied du parc d’Emonville, j’y entrais pour la première fois après, longuement, avoir hésité à prendre la route. Mais Abbeville by night, un set du mardi, furent des arguments décisifs. Trajet heureux, Soundgarden (Ultramega OK) dans l’autoradio. Repas dans le Scenic, je me hâte alors vers le Rex et y trouve une parterre de tôt venus. J’ai droit à un sourire, jeune dame au look étudié. L’attente débute, à ma gauche des gars se la racontent du type j’ai tout vu. J’entends le nom de Little Bob, il égaye mon temps. Nous sommes invités à nous rendre, deux étages plus haut, face à l’entrée. Salle Ponthieu, ça ne s’invente pas. Une relique de machine à projeter trône, antique, à nos côtés. Enfin nous entrons, le Thagis à la zik expé vient me saluer et s’assied, sage comme un ampli débranché. La salle est bien garnie, sur la scène le décor est d’or. Tamisée, la lumière se fait nuit. Goodbye Meteor arrive, j’avoue à ce moment précis craindre le trop plein de coton post-rock. L’ennui, la lassitude mais que nenni!, le quatuor local n’aura de cesse de nous propulser, rêveur comme puissant, dans les sphères de sa mouvance.
Goodbye Meteor
De passages fins, spatiaux, en charges soniques des plus impactantes qu’on connaisse, agrémentées de projections qui l’esprit animent, Goodbye Meteor assène la preuve de ses vertus. La batterie, souple et fracassante, martèle et flanelle. La basse lui répond. Les guitares tricotent, soyeuses comme hérissées. Les paysages surgissent, ma tête du haut vers le bas -et inversement- approuve. Nous sommes transportés. Belle à entendre, d’un ensemble précis et pensé, qualitativement élevée, la formation samarienne défourne un set de marque. Racé. L’assistance, assise, pourrait léviter. Le Rex a de l’allure, sachez qu’outre le son ses séances de cinéma se payent à prix cadeau. We Could Have Been Radiant, la galette à paraitre ce vendredi 9 février, trouve un superbe écrin. Elle est jouée avec passion, gratuitement je le rappelle, sur une heure d’extase totale.
Goodbye Meteor
Le feeling est audible, évident. Les sens sont en éveil, ces quatre-là ont du talent et leur post-rock, déparé des longueurs irritantes qui souvent plombent le genre, force à l’adhésion. Il est vent, brise, ouragan. Il monte, haut, puis redescend. Au passage il flotte, s’enrage, se fait chaos puis résilient, comme l’aimerait Boris. J’aimerais, ça et là, voir nager des voix. J’en suis privé mais qu’importe, le set est suffisamment abouti, étoilé, pour qu’on s’y abandonne. Les vivas le ponctuent, à l’heure du retour le Saint Pierre nous contrait à faire étape. Je m’en repars tard, Abbeville dort et Original gangster, d’Ice T, soutient mon chemin. Goodbye Meteor, ce soir, sort grandi et nous tous ravis, au terme d’un concert qui enjoindra le Rex, je l’espère vivement, à réitérer l’expérience au bénéfice d’autres projets locaux-régionaux tout aussi performants.
Goodbye Meteor
Photos Will Dum