Après quelques précieuses rééditions remastérisées par Nicolas Dick himself, datant de 2015 et faisant suite à l’indispensable Tellurique (2005), Kill the Thrill crée la surprise avec un véritable nouvel opus, nommé Autophagie. Doté de longs morceaux, fervents, aux textes tout d’abord à la recherche des mots bien que les ayant justes (Tout Va Bien Se Terminer, première pièce intense, que des sons à la Young Gods circa l’Eau Rouge englobent superbement). D’emblée, chanté en Français, Autophagie impose sa texture, ses plongées plombées. A La Dérive, plus direct, franc du riff, amène là une force de frappe qui consolide l’entrée en matière. On note, outre la puissance du jet, la valeur de ses bordures sonores en contrepoint avec les penchants frontaux de la composition. Le Dernier Train, rythmé lui aussi, saccadé, de durée étendue, jette son poème et y greffe, tendue, une instrumentation aux soudaines déflagrations. On breake, finement mais encore vivement, avant de reprendre la course. Il faudra aller chercher, au delà des mots livrés, un sens libre d’interprétation.
Le titre éponyme, pesant, couple montées, massives, et relief du chant. Kill The Thrill, intact, n’a rien perdu de son savoir-faire. Capitan, au mitan de son disque, offre neuf minutes entre subtilité et vagues de sons presque shoegaze, surplombées par des textes qui une fois de plus, de prime abord ne se livrent pas. L’enrobage, ici aussi, se fait valoir. Que ce soit dans le verbe, ou encore dans le son, Nicolas Dick – Lead vocal, guitar, lap steel, sample; Marylin Tognolli – Bass guitar et François Rossi – Drums façonnent des plages dont on ne s’échappe pas. Autrefois qualifié d’indus, Kill The Thrill fait surtout du Kill The Thrill et c’est bien pour ça que partout on le suivra, emmené par une audible personnalité. Au passage il se renouvelle, dans un nouvel élan régénérant.
Photos Pierre Gondard
Cluster Headache, à vif, douloureux, s’emphase puis redescend, expurge. De prestance en temps de poids, de mélodies en coups de semonce, Autophagie s’insinue. Il est grand. Les Enfants Brûlent et son décor aérien, un brin inquiétant, noirci et il ne s’agit pas, sur ce nouveau support, de gazouiller à la vie, se déroule sans hâte et finalement, attire par son lyrisme torturé. Je suis là, spatial dans un premier temps, délicat mais au fond menaçant, se geyser sans complètement érupter. Il est fracas, qu’il opte pour le bridé ou parte à l’attaque Kill The Thrill est à son affaire. Autophagie est ample et sample, avec goût. Ahan, ultime jet sans cadence, en Russe décliné me semble t-il, en stridences perchées et de terme sombrement grondant, refermant un chapitre bluffant de qualité, qu’on espère suivi d’autres tout aussi accomplis et de lives à la hauteur de ce qui nous est en l’occurrence présenté.