Laudanum, projet alternatif de Matthieu Malon, offre depuis septembre 2023, et as black as my heart (volume 4:1), suivi par as red as your lips (volume 4:2) sorti lui en novembre, une trilogie de haute volée. Elle se conclut avec ce as blue as my veins (volume 4:3) qui contient huit tires électro-pop imparables, plutôt légers, après deux volets où par exemple, et entre autres nombreuses pépites collaboratives, un i want the horizon (featuring scott mccloud & dj need) tirait vers le très haut un ensemble déjà probant. Ici, le sobre et aérien beauty of a shadow (featuring marie delta) ouvre le bal, sur des vagues synthés sobres, amicales, que le chant met en exergue. On se laisse flotter, sur des tons semble t-il plus avenants, moins offensifs, que précédemment. m/i/g/s (featuring christian quermalet), d’une électro-rock elle aussi remarquable, dark, bien drapée, fait lui aussi la différence. Le Married Monk, de son timbre en gris de velours, apporte une contribution de choix. Puis ghosts of the King’s Road (featuring pete astor), doté de mots comme narrés, songeurs, revient à des abords plus spatiaux. Ca fonctionne avec la même efficience, le rendu tutoyant l’excellence à chacune de ses étapes.
as blue as my veins, vocalement comme musicalement, dans ses climats, valide la valeur des trois disques successifs. as blue as my veins, éponyme, très bref, offre un interlude chuchoté, brumeux, qui exacerbe les ressentis. A sa suite janus equinox (featuring ettr), volant à l’image de l’opus sans son intégralité, de marque, assure à son tour une issue heureuse. Arrive ensuite tutèvu (featuring la famille pellegrini), à mon sens le clou du spectacle si je puis dire. En bonne compagnie, derechef, Laudanum opte en l’occurrence pour un groove appuyé, incoercible, de traits rock, valorisé par les chants dont celui, évidemment, du French Cowboy. Un tube, ni plus ni moins, au refrain à reprendre.
Photo Marion Ruszniewski
Sur les derniers sentiers naHar (featuring eliz murad), obscur d’abord, livre une plage saccadée, soft, que la franco-libanaise surligne de ses textes. Soudainement le titre explose, bien plus batailleur. Impeccable. Laudanum est à son zenith, qualitativement intouchable. S’il s’agit de bien conclure the favourite (featuring vicki), sur plus de neuf minutes rêveuses autant que remuantes, acidulées en certains recoins, de terme noisy, s’empare une dernière fois d’un auditoire conquis, que l’écoute d’ as blue as my veins (volume 4:3) renverra forcément à celle des deux autres galettes de la trilogie.