Darko’s Aufhebung, d’Aix En Provence, se niche quelque part entre shoegaze, dream-pop et ambient vaporeux (l’inaugural Phanaikelûth) sur ce Spread Whispers Into Blazing Dawns valable à plus d’un titre. Sorti à la base sur le Bandcamp de la formation sudiste, en octobre 2021, il revoit le jour en K7 via Coeur sur Toi, label de l’opulent Laurent Santi parce que quand tu vends ces supports, forcément, tu as les fouilles qui débordent. Bref, revenons-en au rendu et là, après l’amorce citée ci-dessus, un lent et griffu Barbiturate-Like Love émerge, accompli lui aussi. Il gronde, fronde, vire au noisy mais demeure subtil. Slight Digression, sans plus de hâte, prend le relais dans la rêverie. Sa longue durée le rend impactant, complétant l’album sans se ramasser.
Dans son sillage Farewell Present, très dreamy, s’éthère. Chloroformé, il précède un Schoolbus (Head On Fire) lo-fi plus clair, mélodieux dans le chant, plus écorché autour. Presque grungy, c’est là aussi un titre de qualité. Le son, en outre, sent le jeu live. Nothing Happened After The Door Closed, figé à la Mazzy Star, brumeux, s’anime flemmardement. On s’assoupit, avec délices, lors de l’écoute. Il y a ça et là, dans ce que fait Darko’s Aufhebung, des airs de My Bloody Valentine. Ou, ailleurs, de Cocteau Twins. Sunset By Noon est fin, céleste. Son terme fait plus de bruit, percutant la tranquillité initiale. Bien vu, bien joué. Ca grince comme j’aime, 90’s en ligne de mire.
Dans le dernier virage Dull, haut perché, pourrait rompre mais se contente de montées sans implosion. Entre spatialité et coup de sang épars Marion Laine, Jason Jolivet-Bassi et Yann Roudil offrent un support estimable, après leur Uns(p)ecular Ill-Timed Guests (Unmixed) qui tenait en une série de démos non mixées. Ici Temperance (Jam#1) sonne…comme un jam, psyché, offensive aussi, avant que Sinned Through Pride et son coton chanté ne borde -avec l’apport d’un harmonica- une oeuvre accaparante, sortie comme de coutume chez Coeur sur Toi à seulement 20 exemplaires soigneusement conçus.