Avant un « vrai » premier album dont je parlerai aussi ici, dont je suis tombé in love et qui s’annonce pour le 8 décembre à venir, voilà un recueil de Bound By Endogamy, duo genevois biberonné à DAF, qu’il me parait tout aussi important de mettre en exergue. Réédition vinyle d’un EP sorti en début d’année chez Dead Channel, avec deux titres bonus et personne ne le déplorera, Huit Cauchemars D’une Machine Fêlée bénéficie d’abord du concours de trois labels voués à la différence. Premier très bon point, complété par une marque musicale qui entre indus et EBM en passant par la cold ou la synth-wave, et je résume, est bien loin de manquer d’attrait. A celui qui encore douterait Kleio Thomaïdes & Shlomo Balexert, sur l’introductif, songeur dans le chant et grésillant Machine In Crisis, à l’électro fantomatique, apportent une réponse éloquente. Ils y placent des stridences, atteignant ainsi l’excellence. Je capitule déjà; après écoute de l’opus mentionné plus haut, celui-ci assouvit plus encore mes désirs d’évasion sonore, de déraison dans le contenu. Tout comme Sacre Du Printemps, cold souple et sèche, qui lui aussi mérite son 10 sur l’échelle de 8. Il intègre, lui aussi, des sons tarés, un chant narratif ou hurlé selon le genre de celui qui chope le mic. Je suradore.
Plus loin dans le pétrin Autoreduction, plus clair (enfin bon, pas solaire non plus hein!), filant, claque des synthés à l’orée du joyeux, loquaces et trop bons. J’élis Bound By Endogamy, il devient mon compagnon de son. Une trouvaille à se garder au chaud, jamais loin du bouffe-disques. Avec un titre pareil en plus, je plussoie grave. L’écho De Nos Cris, EBM ou bien?, bon j’en sais rien mais je le valide, crie. Fort. Il est asséné, peinturé de sons à nouveau en folie. C’est d’la zik psychiatrique, même qu’on y parle d’oiseaux. Qui crient. Et pas qu’eux bon tu vois l’idée? T’as même pas fini d’y réfléchir que 00010 01110 01100 01111 10100 10011 00000 10011 01000 01110 01101 (bon là à mon avis, c’est pour faire chier l’auditeur, on les connait les Suisses!), percussif, prend la tangente quand vient son tour. La dernière fois que j’ai autant joui de mes sens, c’était pendant Dame Area.
Et puis y’a ces mots, qui font penser. Ou décompenser. Ces hurlements, déments. Libérateurs. The Devouring Dream, un brin lunaire, qui bien vite s’agite façon Maman Küsters. Vocifère haineusement, accompagné par des synthés rouillés. Je suis au ciel, mais bien vivant. Ergophobia impose ses pulsions, irrépressibles. Il refuse les jobs, et le revendique. Parasite, il fout le bordel. Il nous chamboule, on en perd la boule. Mate donc cette pochette, elle aussi est parfaite. Reste un titre, terminal, appelé Souffle Maudit et scandé comme à bout…de souffle, à la fois céleste et en rage, pour boucler le bazar. J’ai fini, merci messieurs-dames! Me voilà déjà dans l’impatience, mais ça ne tardera pas, d’évoquer également en ce zine la galette éponyme à sortir dans quelques nuits et jours…