Après Kontexte et Quinconce, appréciés, c’est Manu Louis qui en ce jeudi débarque à l’AF. Un Club Copy de haut vol en sa possession, le Belge de Berlin erre dans l’AF. Nous discutons, j’ai chroniqué sa galette avec grand plaisir. Héron Cendré, à nos côtés, s’apprête pour son set. Chargé d’ouvrir, il use pour ça de nappes apaisantes, issues de ses synthés modulaires. Il est céleste, prenant, ludique. Ici et là il bruisse, fend l’air, pour ensuite redevenir serein. Il emmène son monde, trouble sa quiétude, monte haut et berce les lieux avec un sens de l’ambiance prononcé. Son attirail, un brin foutraque, lui permet de se distinguer. Dans une torpeur sans dommages nous sombrons, une pincée de field-recordings accroissant le trip du Héron. Spatial et B.O. dans ses contours, le bonhomme se met en évidence. La soirée est lancée, dignement.
Héron Cendré
Alors Manu Louis, affublé du peignoir d’Alexis « Viktor Alles » l’excellent, lui emboite le pas. Je ne verrai pas le troisième larron, heure tardive oblige, mais Manu Louis va jouer avec tant de passion, de fantaisie, d’inventivité encanaillée que rapidement, nous serons sous le charme. Electique, funky comme il peut claquer un jeu jazzy-rock à la guitare, gorgée de prestance (Clone, splendide morceau issu tiré de l’album cité plus haut), Manu Louis déploie un registre dingue, une vigueur débridée et un groove de salopard. Ni plus, ni moins. L’AF danse grave, Manu Louis use de l’Espagnol et nous buvons sa gnole. Musicale, bien entendu. Elle enivre, fait chalouper, se veut large mais tenue bien que dynamique. Economy est une tuerie, Ecology tout pareil Mireille! Régulièrement, des raclées poussées émaillent le set. Je pose l’appareil, me déhanchant avec peu de grâce mais en proie à des sensations salvatrices. On s’endiable, Encore 1X. Au mitan des genres, dans une approche qu’il ne doit qu’à lui-même, Manu Louis façonne et finalise un concert de haute volée, barré et jubilatoire, dont on prend congé avec sur la trogne les évidents signes d’une félicité durable.
Manu Louis