Wow!, comme dirait l’un de leurs singles. La paire Barbara Lehnhoff/Aris Bassetti, soit Peter Kernel, s’est mis en tête de « drummeriser » ce Drum to Death où apparaissent, excusez du peu, onze frappeurs de sa préférence. Le rendu est dépaysant, exotique (un superbe Ciao feat. Ema Matis, songeur, psyché, insulaire), addictif après, peut-être, une ou deux écoutes destinées à l’assimilation. Créatifs comme de coutume, les Suisses amorcent l’envolée au son d’un Eeoo feat. Tam Bor qui déjà, permet l’évasion. Percussions d’ailleurs, chants envoûtants, l’échappée est magique. De partout, fusent sons décalés et rythmes divers. Je veux ce disque. Shhh feat. Simone Aubert (Hyperculte), en plus d’inviter madame Aubert, développe un groove infaillible, dopé à l’Italien que relaie l’Anglais (enfin, si j’ai bien saisi). Imparable. Les basses chaloupent, on est réellement en terrain nouveau. Ton lascif, vagues de sonorités enrobantes. Puis Bravo feat. Kevin Shea, rêveur, avant de s’emporter sous la frappe syncopée du guest. Les voix se marient, susurrées. On s’envole, direct.
Au quatrième rang Amen feat. Bernard Trontin (The Young Gods), mazette, tout de même, un Young Gods!, catapulte une électro entre rêverie et saccades. Délice. A sa suite, le Ciao nommé plus haut s’impose. T’as l’bonjour de Peter Kernel qui depuis 2008, tout de même, ne fait que se surpasser. A chaque sortie. Sdeng feat. Julian Sartorius complète la palette en imprimant un cheminement céleste, que les tambours endiablent. Un break arrive, avant que le tout ne tournoie à nouveau. Boo feat. Hugo Panzer, spatial itou, offre des rafles magistrales. Ses spirales, pas moins prenantes, dynamisent le morceau. Mhh feat. Simon Berz, plus climatique, ondule gentiment, semant de la poudre de sommeil. Une fois de plus, Peter Kernel vise dans le mille. C’est chez lui habituel, le conquis le sait bien.
Photo Giacomo Bastianelli.
Vers la fin Wow feat. Cosmic Neman (Zombie Zombie), dans le ciel lui aussi, presque oriental, de vocaux mêlés et l’effet persiste, entérine l’excellence de l’opus. Il s’emphase, après lui se pointe ce Bzzz feat. Beatrice Graf fantomatique, grinçant, nébuleux. Ses mots se répètent, sa batterie castagne en ruades nourries. Là, il galope. Drum’n’bass peut-être, il attient à son tour les cimes. Enfin Pouf feat. Domi Chansorn, qui m’évoque ESG, tribal, innovant, clôture dans sa variété d’ambiances, comme sous opium mais dans le dynamisme serpentant, un Drum to Death de haute volée, né d’une initiative à laquelle ses auteurs donnent là une splendide traduction.