Incontournable de l’été isarien, les Scènes d’Eté de Beauvais comptaient dans leurs rangs, ce vendredi de fin juillet, un fleuron régional venu d’Amiens, appelé Last Night We Killed Pineapple, et le métissage rock worldisant de Bafang, duo épicé et remonté. Marquée depuis longtemps d’une croix, la soirée me vit fendre le bitume direction ce joli théâtre de plein air, destiné à accueillir les hostilités. Ceci fut fait, on le comprendra sans forcer, avec un plaisir non feint. Silmarils dans le mange-disques, roule vite Will! Enfin, tout d’même pas trop. Truffée de radars, la route appelle à modération. C’est pour cette raison précise qu’à mon arrivée j’entame un gobelet, offert par le sieur Delamarre alias « Pedro » qui fit les beaux jours des excellents King Size. J’ai de la peine, dans un village lors du trajet j’ai bien involontairement écrasé deux canetons. Si ce foutu Waze ne m’avait pas embarqué sur la route de Conty, ça ne serait jamais arrivé. Je croise les LNWKP, ça permet d’oublier. Fil, aussi, de l’Ouvre-Boite, puis son collègue Vincent. L’heure approche, on se sent bien ici…
Last Night We Killed Pineapple.
Le lieu est beau, les lights s’allument et voilà que le trio d’Amiens déboule, armé de nouvelles compos pas piquées des vers. Ces gars-là, c’est des bosseurs et le résultat s’entend. Complices et percutants, ils jouent un rock souvent frontal, larguent une série de titres qui très vite rallient la foule. Le batteur, Mario, a des airs prononcés de Christophe Sourice des Thugs et croyez-moi, le rapprochement est flatteur. Il existe en ce groupe une vision, une idée du rock, qui le démarque à chaque sortie. Les nouveautés du soir, en outre, lui permettent une belle avancée. Je leur tourne autour, appareil en main, sans perdre de vue qu’ne formation de cette trempe, ça s’écoute avant tout. Passages finauds, changements de braquet, guitares mordantes et force de frappe vitaminée nous le dictent: le statut d’espoir, s’agissant de Last Night We Killed Pineapple, est un minimum. Jamais lassé, j’en reprends une bolée. D’aucuns découvrent, ils s’en souviendront. A la pause, j’achète une cassette à Charles, le tronçonneur de riffs. Old school frère, y’a qu’ça d’vrai!
Last Night We Killed Pineapple/Bafang.
Godet d’rosé, regards alentours. J’adore l’espace, niché rue de Buzanval. Des beauvaisiennes, par leurs danses, ont témoigné leur approbation. Mais c’est maintenant Bafang, paire de frangins caennais au répertoire dépaysant, qui aiguise ses notes. Le trip est enlevé, africanisant, from the desert mais tout de même rock et tranchant. Ca fusionne allègrement, ça incite à la fête et celle-ci est endiablée. Ca peut funker aussi, mais dans le trépidant. Batterie et guitare, en couple. Des chants ensemble, une coloration éminemment personnelle. Il n’en faut pas plus pour, avec prestance, se démarquer et embarquer Beauvais. Des plans à la Tinariwen, dans les guitares, accentuent l’embardée. L’Isarien, ce vendredi, est aux quatre coins du monde. La force de frappe de Bafang, de plus, le pousse à son paroxysme. Sifa-sifa-sifa-sifa-sifa-sifa…, refrains et chansons de choix honorent la fratrie. Des orages électriques s’invitent, on les prend dans le buffet sans contrer leurs effets. Elektrik Makossa, le dernier opus en date, assied une venue mémorable.
Bafang.
Pour une première, j’avoue mes lacunes, c’est un temps fort à propager autour de soi. Il se vit, forcément, dans l’intensité. Mounaye, sublime, perfore tel un Zanga. C’est l’International Makossa, bigarré, énergique, sans frontière aucune. C’est singulier, ça rassemble et ça galvanise. J’investis les gradins, même de plus loin Bafang a de la dégaine. Nous sommes chanceux, bienheureux. J’ai du Savane dans la voiture, il va sans dire que ce 28 juillet boucle le mois de manière idéale. Après l’ultime régalade, je prends congé. Mbasso m’a porté, Bafang peut désormais me cocher sur sa liste de convertis. Grand merci les frères, merci itou à LNWKP et bien entendu, à ces Scènes d’Eté une fois de plus merveilleuses, qui plus est gratuites, qu’il importe de fréquenter sans jamais pinailler sur leur estimable portée.
Bafang/public.
Photos Will Dum.