Rhùn vient d’Ernée, en Mayenne. D’inspiration « zeuhl », il intéresse potentiellement les fans de Gong ou encore Magma. Le Xikùeh, langue inventée par le batteur chanteur Pierre Lebouteiller, lui sert de moyen d’expression. Ce Tozïh est le premier volume d’un diptyque, le second sortira à l’hiver prochain. Voilà pour les présentations. Dans le contenu, soit trois titres qui alliés frisent les quarante minutes, on navigue entre les genres, entre les époques et passé la dernière ligne droite, on se retrouve catapulté dans des contrés bringuebalantes, fiévreuses, endiablées, distinguées aussi mais toujours en mode free. Emëht Um Rhët Sam, au delà des vingt minutes, débute jazzy, feutré mais prêt à se lézarder. Ca arrive, c’est alors noise et, dans les vocaux, d’ailleurs et d’antan. Versatile, Rhùn cuivre et groove sévère. Une accalmie survient, au delà du splendide. D’un coup d’un seul le rythme cogne, l’instrumentation hausse le ton. Diantre!, voilà du rarement entendu. A nouveau les chants, lyrico-médiévaux enfin j’ai l’impression, surprennent et font sensation.
Au second rang Sédalg Rhëvé (incl.Ygahpoporhtna Lrig), racé, joue lui aussi sur l’alternance, et alliance, flanelle-déjante. La méthode, tenue mais spontanée, sied à merveille au sextette. Captain Flapattak (drums & vocals), Retsim Käh (bass & vocals), Charlotte Pace (violin), Chfab Kaouenn (keyboards & vocals), Jean Bonëth (saxophones-alto & baryton) et Ludal Le Chacal (keyboards & lead vocals), tous voués à la cause d’un son trippant et d’humeurs variables, font bloc et débloquent. Rhùn part en vrille(s), vocalise expressivement, se donne une dégaine slave et balkanique, à l’occasion. Pourtant, il est bien français. Donc, plus précieux encore.
Sa dernière salve, Eripme Cirtcele, d’une durée plus réduite, trace allègrement et dans l’élégance débridée. J’entends là des accents 70’s, des coups de boutoirs et voix foutraques qui derechef, émerveillent. Imprévisible, Tozïh n’a de cesse de se mettre à l’écart. Il le fait avec maestria, dans une sublime déroute sonore de nature à aiguiser notre impatience quant à la suite de ses sinueuses réjouissances.