20e album studio de Half Japanese, excusez du peu, Jump Into Love révèle une richesse, un exotisme, un groove décalé qui très vite, après l’effort d’assimilation, nous le rend indispensable. On y écrit à la vie, à l’amour, aux géants, aux possédés et sur ses douze titres, le disque défile une lo-fi maison qu’Its ok présente sur des airs aériens, saccadés, suivis d’un We Are Giants aussi joliment bancal dans ses mélodies d’apparence déliées. Alors que True Love Will Save The Day, plus agité, instaure l’incursion vers des terres sonores très free. Half Japanese se démarque, comme à l’habitude, en tournant le dos aux cadres prédéfinis. Il ondule, Listen To The Bells Chime explore à son tour des champs en marge. Sa basse obsède, ses syncopes et sonorités traduisent le désir d’un ailleurs musical. D’une fuite, peut-être, par le biais de la création. Le rendu est éloquent, l’éponyme Jump into Love s’en vient serpenter avec succès. Il se pare, c’est ici une récurrence, de notes enivrantes qui tantôt se fissurent.
Dans la foulée The Answer is Yes, avec son gimmick que de manière certaine, j’ai par ailleurs entendu, fait mouche. Foisonnant sans sombrer dans la surcharge, l’opus vaut bien des écoutes. Shining Sun, insistant dans le chant, nappé avec soin, le confirme. Le résultat, une fois de plus, ne se classifie pas. This Isn’t Funny, qui s’annonce fougueux, reste finalement sous tension. Dans le décor, il est comme le reste imaginatif. Ses guitares le font rocker, ensuite Step Inside se fait vif et fin. Vaguement psyché, pop sur ses bordures, il offre une poignée de pointes hérissées. Here She Comes suit, vrillé, spatial, sonique mais bridé. Il flotte, dans l’air, et pose ses airs.
En fin de parcours Shining Stars, cadencé, post-punk peut-être, brumeux, place ses pulsions. La réussite est indéniable, s’il faudra le dompter Jump Into Love permettra à l’issue sa dose de plaisirs auditifs. Zombie World, en guise de terme, lie rythme à l’orée du tribal, vagues une dernière fois voyageuses et contours folk, me semble t-il, sans s’y perdre. Exemple ultime de longévité, de qualité dans la durée, Half Japanese signe là un ouvrage à son image, sans ratés ni concessions.
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