Formé à Limbourg, en 1980, THE WIRTSCHAFTSWUNDER rassemblait alors le guitariste d’origine tchèque Tom Dokoupil, le claviériste canadien Mark Pfurtscheller, le batteur allemand Jürgen Beuth (également membre de Die Radierer) et le chanteur italien Angelo Galizia. International, il tirait de ça une propension à ratisser large, post-punk teinté de new-wave et d’une certaine folie tant vocale que musicale. Signé par Polydor, au moment de ce disque ressorti avec bon goût par Tapete Records, il déjoue les plans du label et s’en tient à sa folie, créative à bloc, à peine jugulée, qui nous vaut cette galette éponyme totalement jouissive. On y riffe cru (Der Große Mafioso), sans plus attendre Mutter Und Vater dégurgite un rock teigneux, entre élans dépaysants, cuivres et new-wave frappée du ciboulot. Kopfgeldjäger, cold, hargneux, déboule sans plus se plier. Ca groove de partout, Mach Dir Das Leben Schön nous joue ensuite une ritournelle de claviers guillerets qui fait son effet. A sa suite Rate Mal, syncopé comme du Gang of Four, trépidant, s’impose armé de la même déraison. Puis Tapetto Magico, tribal, jazzy mais dans le tordu, emmène tout son monde dans des contrées encore peu visitées. THE WIRTSCHAFTSWUNDER déroute merveilleusement, à l’issue de tout juste cinq morceaux. Il en reste dix, encore, sans sagesse ni normalité.
La Belle et la Bête, chanté dans notre langue, vire cabaret taré. Il est classieux, distingué comme enragé. Excellent. Erste Hilfe trace les lignes d’une new-wave vive, jubilatoire. Der Große Mafioso démontre qu’en termes de sonorités, THE WIRTSCHAFTSWUNDER s’en sort avec les honneurs. Madame X, jazz en élégance, resplendit. L’usage de plusieurs langues, sur l’album, contribue à le typer. Junge Leute s’endiable, dans les sons on penserait de suite aux B 52’S. Les quatre bonshommes signent après tout ça un Wildes Tier barré, aux vrilles soudaines. Die Parade le relaie, au galop, d’un chant à nouveau barjot. Das Weiße Pferd, de même veine, couple les genres. Big Men alterne le (pas trop) posé et l’expérimental, avec savoir-faire. THE WIRTSCHAFTSWUNDER pour le coup et tout du long creuse ses terres, fertiles, sans se laisser classer. Ses investigations valent, très largement, qu’on y consacre notre temps. Merci encore, Tapete Records, pour cette réédition que borde Zuviel et ses 40 secondes en ruades une dernière fois psychiatriques.