Trois jours, vingt-cinq ans éclatants, vingt-et-un groupes. Gâtés nous fumes, sous couvert de gratuité délibérée, par ce R4 indétrônable. Un R4 niché comme de coutume en rase et saine campagne, dans ce Revelles dont j’aime le troquet typique et pittoresque. Revelles et son festival qui depuis 98 et sa remorque faisant office de scène, n’a cessé de croître. Jusqu’à attirer dans son pré étendu Mass Hysteria, tête d’affiche elle aussi affirmée de l’évènement. Mouss et sa clique ont bien entendu claqué la foire mais avant ça, notons l’excellence d’une première soirée amorcée par la pop ultra-qualitative de For The Hackers. Relayé par le rock Queenien de Fat Bottomed Boys et les effluves 70’s toutes en excellence de Howard, le Friday fut délice. Je ne verrai pas Doorshan, fusionnants rouennais. Mais j’en eus pour mon compte, au terme d’une ouverture sans creux aucun.
For the Hackers/Howard.
D’ores et déjà en joie, alourdi du traditionnel Américain-merguez arrosé de rouge, je fends le bitume avec allégresse. L’ambiance du R4, singulière, te gomme le mal-être. Le samedi, tôt, je débarque à nouveau. Passage au café, finalement 2 punchs et merci Elsa, adoration totale. Ta photo, tu l’as pas volée! Je marche vers le champ, de Helium à Toquard qui fermera le bal avec ses fantaisies doublées de talent audible, nous ne cesserons d’acclamer. Au R4, il y en a pour tous mais la tendance est rock. Trop prudente, parfois, trop « adaptée au plus grand nombre », mais rock et très souvent de valeur élevée. Flash Daddy par exemple, tonitruant, en atteste. Lui, il percute et arrache tout. Ici ni indus, ni cold-wave, mais quand même: fort peu de ratés. MØSI, duo noise-rock au mot in French. De Rennes, alors tu vois l’genre frère! Your Own Film, fer de lance de nos contrées. J’en parle même pas, t’as qu’à aller les voir. Moi, ça fait facile 6 fois. Lassé? Jamais. Plaisir de croiser le sieur Orlent, Thomas de son prénom, et son registre climatique sous étendard The Ginger Theory. Mass Hysteria, supporté par une foule noire de monde, noire de métal, même que j’y ai revu Micka qui fut mon chef de service, y’a pas si loin. Dans son bureau, les riffs retentissaient. This evening ce sont ceux, Tenaces, d’une formation au discours dénonciateur qui font la joie de tout un peuple. Je mitraille, 3 morceaux c’est…peu? Non, c’est parfait. Ca permet de suivre, un minimum, ce qui est en train de se tramer.
MØSI/Mass Hysteria.
Le R4 ça se rate pas, t’as aucune raison recevable pour ça. Les hymnes explosent, définitifs. Je suis sonné, à plat mais regonflé. Même la sécu -Boule, Jérôme et j’en passe-, au R4, est cool. Gorgées d’IPA, au bar du centre-village c’est jambon braisé. Impeccable. J’ai croisé, avec un plaisir décuplé, les figures de ce grandissant festival. Embrassades. Je pourrais mourir tranquille, comme le dit l’expression, mais je préfère la vie. Le rock, Revelles, le R4. J’ai plus d’piles, mais je jubile. Seul Booba, s’il surgissait, pourrait briser ma félicité. Je redémarre le Scénic, garé à l’ombre. Tout, ce week-end, me sourit. J’en oublierais presque que dans le travail social, ces dernières années, on récupère de sacrées billes. C’est dire. Les quelques éducs’ rencontrés dans l’herbe de Revelles le confirment, on est mal barré! Mais on a le R4. Il s’éduque lui-même, ralliant à sa cause petits et grands. Il prend taille et poids, légitime jusqu’à la fin de son dimanche. Parce que le R4, c’est trois jours sinon y’s’passe rien.
Your Own Film/Lady La Fée.
Alors le troisième, plus festif, plus violon et gratte sèche, me laisse tiède. Pas ma came. Mais disons-le tout net, il se passe quelque chose. Chacun se distingue, dans son style, et j’aime cette violoniste. Aux P’Tits Oignons. Son groupe, pas elle enfin bon bref. Dur Dur Dimanche, gavant à force d’humour prévu. Mais très présent, et concluant. Vraiment. Lady La Fée, aussi, en fait Loki Lonestar le déviant inspiré et sa bande délirante, autant que leurs covers frappées du ciboulot. Détour, le énième, dans l’arrière-cour du Revelle’s bar. Je reviens, chassé par un prétentieux s’inventant une vie. La scène folk ferme, Nocturne signe un set sans trop d’originalité mais qui tout de même, se prend. Ca serait peut-être bien là, finalement, que le bât blesserait. Le R4 est rock, mais ne dérive que très peu. Quoique… Bon, on s’en fout. On l’aime. Il s’offre Mademoiselle K, qui connait les lieux, en final plébiscité par ses convertis. Nico, au micro, est intervenu. Remerciements, applaudissements. Elle est loin la remorque! Il est ému, on le serait à moins. Ce dimanche j’aime tout l’monde, le R4 lui ça fait belle lurette que je le porte in my heart.
Nico/Mademoiselle K.
Il faut prendre congé; j’en reprendrais justement bien une tranche, tiens, de congés! Je ne me retourne pas, auquel cas je fais volte-face et c’est parti pour la nuit. Je prends, mécaniquement, la direction de la taverne Revelloise. La sympathie y règne, sécure. Comptoir de bois, compagnie de choix. J’adore. Le repos, maintes fois relégué, me convoque. La charrette est prête, j’avale Salouël et à Amiens le Casino est encore ouvert. Saint Maurice, vie de nuit. Achats, j’ai faim bien que repu. I’m back. De son quart de siècle le R4, édifice verdoyant et resplendissant, vient une fois encore de séduire, sans rémission, une large frange de la population des environs mais aussi d’un peu plus loin.
Photos Will Dum.