Sorti en 1981, à l’époque où chez l’Allemand l’expérimentation battait son plein, Attack Time de Zeus B. Held, bricoleur sonore passé par Birth Control et Gina X Performance, est réédité par Bureau B. Le plaisir est grand, la transgression des canevas de mise et d’emblée Enfant Terrible, dans des loopings sonores sur fond de rythme sec et épars, monte dans les cieux. Il se pare, ce faisant, de vocaux détournés qui ne sont pas sans effet(s). On perçoit, sans tarder, une déviance empreinte de folie, sacrément imaginative. Les chants se répondent, frappés. Cowboy On The Beach suit, ses synthés font presque dans le lumineux avant qu’une trame cold s’insinue. Les mots, là aussi, partent de travers et la rendu ne peut se laisser harponner. Il n’a pas de nom, mais s’écoute addictivement. Subversif, Attack Time n’a pas vieilli. Transportable Music, de new-wave en textes répétés jusqu’à l’obsession, un brin funky, lance une drôle de danse. Mélodique, il groove jusqu’à la fin des temps.
Daily News, spatial, s’y tient. Raise your gun fait de même, avant de s’agiter dans des syncopes psychotropes. Zeus B.Held, dont l’opus fut en son temps un échec commercial, mérite sa ressortie. Drive My Car tisse des chemins électro-pop à nouveau en marge, rythmés, qui eux aussi capturent l’écoutant. C’est dans les rigoles, dans le décalé, que l’artiste s’illustre. Des guitares de classe surgissent, dans la foulée la voix louvoie. Excellent. Magic Circles, dub, funk, se déploie lascivement. Il se cuivre. Musicalement, le patchwork est magique. Eurode, ritournelle acide, mélodique aussi, maintient le cap d’un niveau supérieur.
Sur la fin Test, galop post-punk aux basses rondes, percute frontalement. Ses bouts de mots, dans les voix, entêtent. Hors-contrôle, le morceau assied le savoir-faire d’un Zeus B.Held ouvert, au spectre large. Grand bien nous fasse, ses créations nous parlent. La toute dernière de l’album concerné, Didn’t I, lance une new-wave gorgée de sonorités jouissives, sur lit de chants, une fois de plus, entre « norme » et propension à prendre la tangente. Un break se fait, puis un plan prog se place. On salue bien bas en louant Bureau B, à l’issue, la « renaissance » d’un Attack Time prenant de bout en bout.