Passé chez Tom Waits, Marianne Faithfull, Alain Bashung ou encore John Zorn, en tant que guitariste, Marc Ribot, accompagné de ses acolytes Shahzad Ismaily et Ches Smith, nous revient pour un album offensif, teigneux et ingénieux. Large d’esprit, l’opus a pour nom Connection et déploie, rougeoyants, dix parpaings que lance l’éponyme chanson. Une trame blues viciée, écorchée, lente mais saignante. Le chant flirte avec le rap, en termes de débit. Première réussite, lancinante, suivie d’une seconde intitulée Subsidiary. Début bruissant, tension bridée, geysers de guitares en crue. La batterie, massive, et des chants sauvages bousculent le tout. L’excellence. Soldiers in the army of love, galopant, crache un rock garage intense. Il arrive aussi, dans le brasier Connection, que la mélodie s’asseye. Ecstacy, lo-fi, orné avec joliesse, l’instaure dans un canevas imaginatif. Soniquement, le boulot est jouissif. Ribot, en marge, est maître. L’escapade des guitares, ici, se couple à une rythmique serpentant.
Photos Ebru Yildiz.
J’entends aussi, me semble t-il, des orgues débridés. Magique! Plus loin Swan, au chaos saccadé, expérimente. Il est sonique, psyché aussi. Bluesy, titubant, comme hagard. C’est sur près de dix minutes que ses ressacs nous prennent. Il se cuivre, free. No name prend le relais, subtil. Orchestral aussi, et entrainant. Concluant, ça va de soi. Heart attack, groovy, fusionne agilement. Son débit est nourri, ses sonorités une fois de plus créatives. Crues parfois, elles font remuer les corps. Marc Ribot, pour sa cinquième fournée, régale son monde. Encart jazzy, puis embardée sans chaines. Bonissime.
That’s entertainment, cadencé, aux gimmicks forts, cartonne à son tour et sans trop de détours. A la fin des courses Order of protection, gorgé de feeling, bluese dans l’élégance. Son jeu est inspiré, ses envolées de toute beauté. Il crisse, au beau milieu de sa splendeur, jusqu’à dépasser les dix minutes et ce, sans démonstration aucune. Enfin Crumbia, bien nommé, visite d’autres terres. Il dépayse, à sa guise, et conclut de manière magistrale une série qui l’est tout autant, signée d’un trio soudé dans ses travaux et investigations.