Math-rock instrumental de Boston, composé des guitaristes Mike Hutchins et Dave Konopka, du bassiste Paul Joyce et du batteur Dale Connolly, Lynx voit son premier opus, sorti en 2000 -au format cd-, considéré comme précurseur du genre qui le concerne, ressortir, en vinyle/numérique et de manière inédite, via Computer Students™. Human Speech, un EP comprenant trois titres inédits enregistrés en 2021 mais composés il y a plus de 20 ans, s’y greffe. D’existence éphémère, le combo mérite d’être « exhumé » et pour l’occasion, il a réenregistré avec Seth Manchester, au studio Machine with Magnets, Human Speech, Less Messy et Softly Ultra (leurs trois morceaux révolus), qui forment aujourd’hui l’EP « Human Speech« . Livrée dans un merveilleux package en aluminium (spécialité du label impliqué), la ressortie dégorge, sur deux volets, douze titres aux syncopes jouissives, brutes autant que travaillées. Celles-ci groovent, changent de facette, laisse la batterie percuter et les guitares délirer (Aries). Dans une finesse qui mord les fesses, Lynx débute sur un Look at That Table and Make it Spin in Your Head qui déjà, vire au brut bien façonné. Les gimmicks sont forts, Lynx joue uni et alterne, avec maestria, coup de tronche et retenue. Sur le fil, il y reste ou franchit le pas, franchement offensif. Fondateur, il devrait donc faire date.
Photos Don Harney.
Sa recette, en avance sur ce qui allait en découler, pose des jalons novateurs. Si l’absence de chant, pour l’amateur que j’en suis, peut frustrer, il n’en reste pas moins que Lynx n’a pas son pareil pour déposer sa griffe. Du début à la fin donc, le quatuor nous emmène. Ses encarts post-rock m’irritent, mais passent l’épreuve. Ils sont épars, pris dans un dynamique sans rajouts superflus, qui se suffit à elle-même. Raisins, clair et lumineux, puis acéré et belliqueux, conclut la première galette. Puis les trois « gifts », à commencer par le titre éponyme et son approche saccadée qui riffe dur et tranche dans le vif, sans omettre les mélodies, claquent comme qui diraient un barouf de valeur. Au moment où Softly Ultra, l’ultime jet, s’assied sans choisir -d’un côté force, de l’autre subtilité-, le doute n’est plus permis; Lynx, avec quelques encablures d’avance, esquisse les traits d’une mouvance qui lui doit sa survenue et, par là-même, l’essor qui s’en est suivi.