Déjà vu au R4 de l’été dernier, chroniqué ici avec force distinctions, Pogo Car Crash Control venait abreuver la Lune des Pirates, ce jeudi soir, de son métal sans bornes. Il me tardait d’en être. Et puis Bill the Dog, du pur local aux brailleries tantôt incompréhensibles, ouvrait pour la clique de Lésigny. Raison de plus, j’échange justement devant la salle avec Eddy, de Stop Giving Power, qui me vante les qualités du clan d’Omiens. Tout en devisant je me dis qu’il ne faut surtout pas que j’oublie, courbaturé, la tête en douleurs, que je suis garé là-bas, ou peut-être est-ce à côté. A l’intérieur, le Picon-Bière remplace la Brewdog. La serveuse n’est pas habituée, néanmoins elle fait les choses posément et c’est très apaisant. Je retourne me percher, Fab débarque plus tard. Monte moins vite l’ancien, tu vas choir! Quelques mots, le trio au clébard nommé Bill déboule et damned, ça mastique sévère ce foutoir-là!!!
Bill the Dog.
Le Dog aboie, punk et franc, bourrin mais profitable. A l’énergie, selon un panel émaillé de mots crus, large et sans creux, on se fade une ouverture aux crocs baveux, potache et parfois ça gave, probante et là ça réjouit. C’est de plus bref, ça préserve l’efficience. C’est mouvementé, énergisant. Musicalement, on dépasse le cadre -étriqué- du punk. On fait tout bien, en Somme et en somme. Les copains viennent chanter, à l’unisson. Ben ouais qu’est-ce tu crois, on est une famille hein! La bière, toujours. Elle ruine et fédère. Le riff est dur, le tempo échevelé. Le débit vocal est remonté, nourri, uni quand tout le monde s’y met. Parfois ça sonne trash, si si j’t’assure Arthur. Simon martèle, il gobe le micro comme il boit des Kro. J’écris, je m’épanche mais une chose est sûre, Bill the Dog déboite! Qu’on se le dise: les gars sont DIY, entourés de gaillards du même esprit. Régulièrement, ils te sortent des galettes qui dans leur mouvance, ne se contestent pas. Scéniquement, t’as du voir un peu l’bordel! Fin bien les boys, mettez-moi un EP d’côté! Y s’appelle ExPxF (Etat x Police x Fasciste), on devrait encore bien s’marrer! Y sort le 1er mai, y’aura du muguet dedans à coup sûr!
Bill the Dog/Pogo Car Crash Control.
Changement de plateau, ça va vite merci! Pogo Car Crash Control donc, pour vous servir et vous ratatiner. En apercevant Lola je le souviens que mon t-shirt More Women on Stage est sur la route, magne-toi la poste bordel! Ca commence, on sent déjà que les frangins Péchinot, le sieur Pernot et la petite bassiste aux mimiques que j’adule se sont pas pointés ici pour éplucher les bananes. Métal, parfois old-school (mais d’aujourd’hui frère!), pointes à la Slayer et superbitude pop aux mélodies-caresse font de ce set-là un temps plus que fort. Le tempo ne tient pas en place, parfois brique parfois fusée. Les hymnes sont nombreux, direct dans la gueule d’une société ardue à digérer. Qu’est-ce qui va pas?, citerai-je entre autres, en support à ce ressenti enraciné. Tourne pas rond, riffade de bâtard. Ca turbine, c’est en rangs serrés que PCCC performe. Sans faire dans le figé, loin de là, et encore moins dans la révérence -on parlera, dans le style du jour, d’excellence-, le quatuor aligne les titres forts. Dont Cristaux liquides, qui leur en a fait palper (du liquide bon enfin bref). Putain, c’est beau. J’adore, dans cette rage il y a de l’âme.
Pogo Car Crash Control.
Pogo, tout de go. Ca s’imposait. Foule en délire. La Lune, ce soir et encore, est pleine à craquer. Full of bonheur, gavée d’happiness, elle chavire. PCCC donne tout, jusqu’au bout du bout. Son espace scénique, volontairement restreint, intensifie sa portée. Il bousine, toi qui connaissais tu as pourtant pris ta dégelée. Le néophyte, de son côté, panse vainement ses plaies. Potards dans le rouge, l’armada enfonce le clou. Après deux rappels, une poignée de ritournelles sans excès de flanelle, ou juste ce qu’il faut, le groupe prend congé. Le public clame, réclame, s’enflamme. Puis se calme. Un effort de mémoire me rappelle que c’est derrière le restau U de la Veillère qu’après douze mille tours de quartier, j’ai enfin pu me parquer. Qu’à cela ne tienne: mon crane fait tam-tam, le mal en est presque exclu et c’est dans l’enjouement que je reprends la route, brève, direction mon tieq’ de résidence.
Pogo Car Crash Control.
Photos Will Dum.