Après la Maison de la Culture, à huit, puis le Château Blanc de Flixecourt, à cinq, notre Vadim préféré, avec autour de lui son gang de zicos à la dextérité affirmée, jouait ce jeudi à Cité Carter, sur mes terres, à deux pas de mon antre. L’opportunité était donc belle, Terrine et son électro sans concessions étant de plus chargé de lui ouvrir le bal. A l’issue d’un trajet bref, j’échange avec des figures d’ici, mais aussi d’ailleurs. FLH, hardos psychiatrique. Jocelyn Soler, cogneur du sieur Vernay. Claire Gapenne, Terrine donc, puis à mon arrivée dans la salle Fil Chérencé, de l’Ouvre-Boite de Beauvais. Ceci après un détour au bar, dont j’aime à la fois l’allure et la serveuse, avant d’aller me placer. Pascal, croisé à la Lune des Pirates, devenu ami, est aussi de la partie. Nous sommes bien.
Terrine donc, l’élancée Claire et son parcours qui la fit rocker, dans un premier temps, avant d’aller tâter de la noise et de l’électro barrée, qui ce soir nous fait tripper. Attention c’est âpre, c’est pas d’la ritournelle de fête foraine. Mais si on reste en lien, ça embarque. Je sais pas, comment elle fait. Je sais carrément pas. Mais sans même être certain de l’avoir voulu, de ton cou tu bats la mesure sans pour autant, de ce que fait Terrine, complètement prendre la mesure. Quoique… C’est un trip, de l’électro péruvienne (private joke), c’est radical et ça reste dans l’bocal.
Terrine.
Un second houblon, ça ressert les boulons. J’aime ce lieu, j’ai aussi croisé « tchot Dru » qui comme tout averti le sait se distingue avec sa dame, musicalement parlant. Je lui promets que son album, j’irai le voler. Pensée, dure à chasser, pour cette personne en fuite. Je reviens, non sans mal, à Cité Carter. Vadim est prêt, la magie frappe et te tombe dessus sans refus possible. Feulements de la guitare, retenue d’une intensité impossible à endiguer. Collection, haute qualité, de morceaux flamboyants. Jeu de scène au ressenti palpable, autour de lui des mecs performants, au soudé parfait. On en reste sans voix, Pascal se hisse à mes côtés pour me glisser, le visage en liesse; « Quelle claque! ». Merci camarade, ce concert je t’y ai trainé. Je savais, sans crainte de me tromper, qu’il ferait son effet. Et bien plus, car possédés nous sommes. Le gars Vernay joue trop peu, lui-même le prétend ce soir et comme pour compenser, il se livre en entier. Les expressions, sur les visages de ses acolytes, traduisent leur investissement. Hang Tight, les amis, sinon rien!
Vadim Vernay.
L’opus parfait, la scène rêvée. C’est court mais qu’importe, je préfère car ça permet de n’en rien négliger. Quelques intermèdes plus posés, troussés maison, agrémentent le set. C’est jouissif, ça transcende, ça percute et ça se nuance dans la maîtrise. Entre raffinement et amertume riffante (le Gitan si tu me lis, ton duo avec l’Isarien Fabien est sans faille), Vadim conquiert une nouvelle place. Un How Trickien, déluge sonique, sons et vrilles, ça fuse et ça jette du dark. Dans l’univers Vernay, t’es verni: on t’offre avec générosité, dans le même élan de bonté, rage et beauté. Des salves éclatantes, pures mais aussi dures. Gallows tree, pour moi une merveille. Parmi d’autres. No safety crash, du venin balafré de splendeur. Vadim se plie, Vadim se délie. Spellbound, ses coulées de lave perlées de sonorités trippantes. C’est Vadimisé que l’on prend congé, une fois de plus, au terme d’une prestation rien moins que galvanisante.
Vadim Vernay.
Photos Will Dum.