Lyonnais, Vipères Sucrées Salées malaxe post-punk et new-wave, assez savamment. A base d’histoires vécues, par eux ou par d’autres, les Rhodaniens bâtissent un EP éponyme crédible, de grande qualité, aux cinq titres stylés. Hannibal, qui sert d’INTRO, développe un climat céleste, brumeux, intriguant, qui sert en fait d’amorce à ce Artère crocodile captivant. Chant narratif, soutenu, tranche de vie éthylique, sons qu’on remarque. Basse ronde, rythme alerte. Nul besoin d’en remettre, la diff’ est d’ores et déjà faite. La vie, ses déboires, des nappes prenantes aussi, font le socle d’une belle série. Désillusion, mots imagés, râles de dépit. Je suis preneur, ça innove et ça démarque ses auteurs. L’élan se brise, on alors droit à des guitares un tantinet funky tandis que les vocaux, pas trop normaux, s’écartent des sentiers. Parfait! Shoop Zep Soop, aux organes alliés, balance une « ode » à ceux qui se tiennent bien. Bien trop pour avoir du relief mais le morceau, lui, en regorge. On est là, encore, entre post-punk et verbe offensif. Un refrain à crier se présente, on l’accueille avec joie.
Quelques encarts plus loin, le groove se poursuit et Ceinture, new-wave racée à bloc, lancé à toute berzingue enfin surtout ses véhicules, dérape non sans panache. Il y a chez ces reptiles, un sacrée dose de savoir-faire. On en tire profit, synthés d’antan joueurs et cadence sèche font bon ménage. Les guitares épicent le tout, impeccable. L’ep est court, mais affiche de réelles promesses. La course-poursuite prend fin, le disque lui se fend pour trouver son terme d’un Le Coeur et les Lumières plus que présentable, lui aussi. Hommage mélancolique, mais alerte, à un homme tombé inutilement et prématurément sur les pavés rue Saint Catherine, il s’agit d’une toute fin aux claviers finauds, amère et enragée, pétrie de sentiment. A l’issue point l’envie, pressante, de se rejouer l’EP. Preuve indéniable que ses géniteurs, d’un talent certain, méritent les égards et notre considération de lovers du son osé.
Photos Mathilde Lacour.