Pas né de la dernière pluie, The Somnambulist m’avait déjà plus sur son Hypermnesiac. Avec ce Some More Songs Lost in Themselves, plus EP qu’album, il reproduit une recette qui assurément lui réussit. Mélodieux mais assez intense, il enfourne six morceaux dont le premier, un All Strain is Over aux sons joueurs qui finit par vite s’enflammer, laissant ensuite ces sonorités réapparaitre, lance une sorte de post-punk à l’impulsion décisive. On aura aussi noté, à réception de l’opus, sa pochette ornée d’un vinyle. Le sien. Preuve, s’il en est, de la vérité du trio berlinois. Qui, à l’occasion de Flowers from Where You Go, construit une trame retenue. Sans y perdre en qualité, dans une subtilité bien amenée. Ses notes sont belles, si je le préfère dans l’option puissante j’avoue ne pas fuir le clan lorsque retombant, il s’apaise.
Not a Song for You, d’orages en convulsions, sert un chant aigu. Il riffe dru, cru, prompt à attaquer. Il évolue sur un fil, à l’orée de l’implosion. Belliqueux, il pimente l’ep. Une autre dimension se profile, Lametech dote alors le rendu d’aspérités douces-amères du plus bel effet. Il est vocalement dérangé, atmosphérique et dans le même, tempêtueux. Marco Bianciardi: vocals, guitars, bass, samples; Leon Griese: drums and percussion et Paul Peuker: bass, dans l’unité, crachent de belles chansons. Lowerin’ Sun se teinte pop-rock, expressivement chanté. Il se pose, mais ne sombre jamais dans le mièvre. The Somnambulist demeure mordant, il n’est pas dans ses desseins de virer mellow. Le titre, d’ailleurs, regagne en frontalité.
Plus loin et enfin The Freewheelers, sur deux minutes saccadées mais assurées, fait prévaloir le direct affiné. Un jeu instrumental, aussi, bien exécuté. Ici on joue ensemble, personne n’a l’irrespect de se placer sur les marches du dessus. On sait faire alors on fait, unis. De belles guitares se chargent du décor, Some More Songs Lost in Themselves trouvant de ce fait son terme sans avoir démérité le moins du monde. The Somnambulist prolongeant sûrement, avec la dextérité qu’on lui connaît, un parcours de plus en plus fourni et éloquent.
Photos Marcus Engler.