Projet d’un Nicolas Cuinier présent en nos scènes depuis belle lurette -les 90’s précisément, avec leur florilège de groupes indé à guitares jouissives-, In My head présente des morceaux écrits eux aussi, de manière majoritaire, dans le passé. D’un vécu riche et étiré sur le temps l’auteur compositeur, épaulé par le bassiste Christophe Br et le batteur Brun°, a tiré le savoir-faire nécessaire à nous trousser, pluvieuses parfois, à d’autres moments plus éclairées, retenues ou énergiques, des chansons pop-rock aux guitares, mais pas seulement, de choix. Summer is a killer recense tout ce qui peut nous combler, j’y entends tout à la fois le Wedding Present et son urgence, Pastels et leur mélopées attachantes ou encore le REM allégoriques des débuts. Manage somehow, de sa pop-folk alerte, attire d’emblée. En a peine plus de deux minutes, dans un format qui va à l’essentiel et par conséquent sans redite superflue, les trois hommes s’illustrent.
In My Head au Bus Palladium, photo Marion Ruszniewski.
Is this really pleasant?, un brin cold, se montre lui aussi vif, obscur et, dans ses guitares, enthousiasmant. Le tout sans fioritures, entre charme pop et pointes noisy perlées d’ombre. Et sans linéarité car le groupe, expérimenté, évite l’écueil avec brio. Il varie, sans se départir d’un cadre résolument indé qui lui sied merveilleusement. Almost four, grésillant et mélancolique, complète son ouvrage avec panache. I’m getting bored, s’il retombe en énergie, souffle une trame lo-fi sans chair qui elle aussi retient l’attention. Sans trop de tension, pour le coup, mais avec la dextérité qu’on (re)connaît à In My Head qui, je le parierai, nous restera en tête. La chanson s’anime, exempte de joie. L’auditeur, se regardant les pompes, y trouvera sans nul doute sa dose de bonheur contrarié.
Photos Frédéric Lemaître.
Plus loin A promise of nothing, superbement terne, propose une pop saccadée, parfaite pour ce dimanche matin de pluie picarde persistante. Break up song, dans une atmosphère à la Disintegration, confirme ensuite les penchants d’In My Head à une forme, affirmée, de langueur contrite. Le projet, en tout cas, séduit. Il vrombit, ici gentiment, là-bas plus vivement. Il fait tout bien, porté par d’évidentes capacités. Spirit on, presque enjoué, tisse lui un canevas poppy subtil aux cuivres discrets. Notons, pour la petite histoire, qu’il s’inspire de manière déclarée de Superchunk. C’est par ailleurs Jean-Charles Versari, et ça se prend, qui gère en l’occurrence la production, de pair avec In My Head. Lui aussi, on le sait, s’y entend. Issu de la même ère, il ne se donne pas d’airs. Il est, à l’image de ses alliés et de leur Summer is a killer qu’il m’arrive de trouve trop sucré, authentique. Il n’empêche, tout y est bon. Too much of a girl, chargé de le border, s’en charge d’ailleurs sur une note frontale qui bien évidemment, me le rend plus précieux encore. Une minute, finalement deux et surtout, ce souci de ne pas s’épancher, de s’en tenir tout juste à ce qu’on souhaite dire. Le procédé porte ses fruits, déclinant huit pièces d’obédience pop, certes, mais de textures diverses et plaisantes de bout en bout.