Je n’en vécus, ce « CDF » meilleur d’entre tous, qu’une petite partie. La faute à un corps abîmé qui ne put toutefois me priver de ma dose, vitale, de forêt isarienne troublée par le son, divin, des formations conviées. Cernoy, la verdure. Le cadre, apaisant, ressourçant. Sa Queue de Charrue ambrée, son kébab délice mais avant toute chose, sa pléthore de clans bruyants, en d’autres temps plus tranquilles, d’une valeur et d’une diversité à couper le souffle. DJ Vif Argent, soit mon ami Cyril Doche, pour lancer les festivités. Chromb!, son…jazz-rock? post-jazz? noise-jazz? poésie barrée? zik de chambre tarée? Tout ça en même temps, copain des bois. Une ouverture passionnante, déroutante, à la hauteur -élevée- du Celebration Days. D’emblée, je m’en frotte les mains. Les Lyonnais brouillent les pistes, tels des artistes sans limites. Puis Cheap Wine, habitué, habité, délivre ses salves 70’s dont depuis belle lurette, on s’empifre jusqu’à l’overdose. De fougue en tempérance, le sieur Devillers et les siens impriment leur trace, de plus en plus profonde, dans l’histoire du CDF.
Chromb! et Cheap Wine
Heureux je suis, Heimat me propulse à son tour dans des sphères d’enchantement au gré de son électro-cold indus et très…Heimat, climatique, feutrée autant que triturée, chantée de manière dépaysante et hispanisante. Heimat ne se décrit pas, il se vit et déjà le constat se détache, clair, net et précis: en qualité, le CDF éreinte tout le monde. Je boucle mon escapade au son raffiné, trippy, anatolien, des superbes Derya Yıldırım & Grup Şimşek. C’est en ce qui me concerne la fin du vendredi, je m’en retourne conquis. Encore, et toujours. Le CDF, même plus léger, t’impose son emprise et tu n’y peux rien, tu ne cherches d’ailleurs en aucun cas à t’y opposer. Le samedi sera synonyme de relâche, j’en rage. Si seulement, encore, je le pouvais, j’aurais bouffé, tout entier, ce CDF adulé. Remis à neuf, promis, je l’avalerai à m’en étrangler. Pour l’heure, c’est anti-inflammatoire et malgré ça, félicité tenace, d’une teneur que seul le Celebration Days peut garantir.
Heimat et Derya Yıldırım & Grup Şimşek
Alors le samedi soir, je piaffe. Mon GPS me dicte un autre chemin, ce dimanche. Un peu comme ce CDF qui lui, te sert d’autres sonorités, t’arrache à tes bases, te plonge dans le voyage et t’oblige à la communion. Avec l’autre, avec Cernoy, avec elle et lui, avec des groupes et avec Richard, Richard Allen messieurs-dames, et sa folk qui quel que soit ton état d’âme (et lui n’en manque pas), te fait le plus grand bien. Mon temps est compté, je ne peux m’attarder et de ce fait, j’en profite d’autant plus. Et Faun Fables, projet familial folk et bien au delà, qui met en scène l’homme et la femme mais aussi les enfants, aux voix d’ange(s), se présente pour un live touchant et sublime. Mais bordel, où vas-tu, mon CDF, chercher tout ça? Tu me mouillerais les yeux, si déjà ils ne l’étaient pas. Mystique et magnifique, subtil et intense, Faun Fables émeut. Des traces de blues, de rock, des percus frappées par les 2 filles, toutes en grâce, magnifient le tout. Faun Fables est immersif, c’est un régal total et l’homme de la bande, au look façon David Eugene Edwards, veille sur ce joli monde avec bienveillance. Les voix se marient, dans un éclat imprenable. On n’est d’ailleurs pas loin, par instants, de l’impact d’un Wovenhand dans ses moments de recueillement.
Richard Allen et Faun Fables
C’est alors à Gasoline, duo qui ce soir se mue en trio, de m’asséner l’ultime mornifle. Chroniqué dans ce zine, croisé lors d’un showcase notable, le clan initié par Thomas Baignères et Théo Gosselin crache un rock de braise, que la gouaille du premier nommé et la frappe sauvage du second portent aux sommets. L’apport d’un Cheap Wine, choix louable, donne de l’assise au son wild de Gasoline. C’est du vrai, du cru, nuancé avec à propos et de manière éparse, que glaviote Gasoline. Ca turbine sec; I feel love, Standing on fire. Rien de tel, pour clôturer ma virée, qu’une décharge de The orange album. Avec, ça et là, de la pommade (No more trouble) de classe parce qu’avec ces mecs-là, ça saigne et ça mord. S’il reste des groupes au menu mon CDF, « mon mien », trouve ici son terme. C’est presque léger, secoué, revigoré, percuté, que je regagne ma localité amienoise. Je ne rêve, dans le noir du retour, que d’en être à nouveau. Le CDF vient de nous prouver, à nouveau et non sans brio, qu’il demeurait le king des festivals d’été et de tout autre saison, porté par une ambiance et une qualité que personne ne peut raisonnablement lui disputer.
Gasoline.
Photos Will Dum.