Producteur, remixeur et multi-instrumentiste, Kill Shelter « from Edinburgh » se shoote au talent. Asylum, son troisième effort gravé sur sillons, s’empresse de valider mes propos en délivrant, cold et offensifs, dix morceaux royaux où l’invité ne vient pas juste boire le thé. T’as des doutes? Time will come, frère! Ca file, les motifs s’insinuent. Voix grave, rythme cinglant. Il n’en faut pas plus, pour nous attirer. In This Place (ft. Stefan Netschio – Beborn Beton), qui introduit le premier invité, séduit autant qu’un flash de Bowie (la voix, ici, fait son Thin White Duke) moucheté de froideur. Et de mélopées, vocales, bien stylées. Queen of Hearts ft Valentina Veil (VV & the Void), rapide, synthétique autant qu’organique, part à l’attaque et se féminise. Réussite? Affirmatif, mon capitaine. Et c’est pas fini puisque Buried Deep (ft. Antipole), cold-wave, batcave, balance une nouvelle salve sans trop de chaleur. Guitares mordantes, ardentes. Climat au soufre, morceaux élevés. On n’ira pas, évidemment, jusqu’à faire la fine bouche.
The Room, court et climatique, presque psyché, spatial, offre un interlude. Il plane mais The Necklace (ft. Agent Side Grinder, quelle bonne idée!), griffu, réinsuffle du percutant. Dans l’option en question, comme partout ailleurs, Kill Shelter s’en sort avec les honneurs. Feed the Fire (ft. Ash Code, nouvelle bonne idée!), plus syncopé, plus loin alerte, le met en valeur. Cover Me (ft. William Faith), rock et ombré, un peu shoegaze aussi, réjouit autant. All of This (ft. Ronny Moorings – Clan of Xymox et c’est pas rien, tout ça), goth et puissant, valide Asylum et sa coloration grise. A sa suite et pour boucler le disque A Shadow of Doubt, atmosphérique, joue une trame dépaysante qui aurait mérité de s’étirer. Il n’en est rien mais Kill Shelter, pour sa nouvelle fournée, signe de toute évidence un album de classe supérieure, ouvert à l’autre, sorti chez nous du coté de chez Manic Depression Records.