Qualifié de « queer rock opera », Ramon est le premier album de Caleb Nichols, par ailleurs à l’oeuvre chez Grand Lake, CHURCHES et Soft People. L’opus explore l’histoire de l’icone queer Mean Mr. Mustard et de sa soeur, Polythene Pam, en jouant onze morceaux mélodiques, tous bien ficelés, dont certains m’ennuient par leur trop grande douceur. Il n’empêche, tout est bon, rien à exclure. Listen to the Beatles, dans une brise pop amicale, débute dans la nacre. Il est fin, léger, beau à entendre. Dog Days, à sa suite, prend lui une tangente bien plus pop-rock. Il file et rutile, guitares au vent. Nichols sait faire, à n’en pas douter. Run Rabbit Run renoue avec une option douce, folky, chantée avec sérénité, qui s’anime sous le joug des guitares, sans trop « exploser ». On note, de manière récurrente, la valeur des mélodies. L’éponyme Ramon reste dans cette veine, posé, intime. Doté de choeurs, du poids d’une plume. Ca me lasse un peu, mais c’est de belle facture. She’s the beard, presque glam, me satisfait amplement. Finalement l’alternance entre morceaux tranquilles et ouvrages plus poussés, à l’évidence, crédite son homme. Captain Custard nous ramène à la première option; dommage, j’aurais aimé voir les tempos échevelés se succéder. Il n’en reste pas moins que sous l’effet des « lalalala… », on se laisse tout de même facilement porter.
De plus Jerome, glam et parfaitement troussé, confère à Ramon ce surplus de rudesse qui m’incite à approuver le tout. Belles sont ses guitares, nerveuses. Le titre, en outre, accélère en sa fin et c’est un réel bon point. Mustard’s Blues joue le blues, climatique, entre écorchure et sensibilité. Ramon a de l’allure, on ne peut le contester. I Can’t Tell You souffle son ressenti, perceptible. Il s’envole, gracieusement. From A Hole in the Road fait usage de la même fibre, ténue. On a la sensation, à l’écoute, qu’il se joue dans la verdure. Dénudé, il touche au coeur. Le disque sort chez Kill Rock Stars, gage de qualité dans le rendu. Oh, le terme de From A Hole in the Road se montre plus bruitiste, psyché aussi, jusqu’à réellement nous enticher. (I Fell In Love On) Christmas Day, à l’issue, concluant la galette sur une note cette fois totalement apaisée. Là où personnellement, j’aurais souhaité du rentre-dedans mais ce n’est rien; Caleb Nichols séduit ici, de toute façon, par la valeur récurrente de ses créations.