Après Uppers, en février 2021, qui m’attira de par son bouillonnement post-punk quasi permanent, TV Priest fait son retour en suivant un spectre plus art-rock, tout en conservant la force de frappe que son genre de prédilection lui a jusqu’alors permis. De gueulantes brulantes (It Was Beautiful) en efforts plus mélancoliques, son My other people le confirme dans ses vertus, à l’aide de douze titres dont aucun n’ennuie. On le parcourt avec délices, j’avais déjà aimé le précédent et me revoila à brailler en yaourt, alors que j’écris ces lignes, à la gloire des Anglais. One Easy Thing, au début clair, ombrageusement crooner, se syncope et sans attendre, percute comme on aime, sans toutefois complètement se faire frontal. Dans la retenue, TV Priest est bon aussi. Bury Me In My Shoes, à l’allant mélodique imparable, serti de petites notes bienvenues, vire noise en sa fin. Everything’s allright, ça sent le haut niveau dans la sphère qui nous intéresse. Limehouse Cut déroule un climat de feutrine, un peu à la Nick Cave dans ses temps modérés. I Have Learnt Nothing, tranchant, égale Idles en termes d’impact. A quatre titres, soit le tiers du chemin, l’assemblée se retrouve comblée.
Après le It was beautiful nommé plus haut, The Happiest Place On Earth impose une touche folk, presque lo-fi. C’est beau et vrai, sans masque, chanté à plusieurs. Ca passe sans forcer. My Other People, dans la foulée, remet du frontal dans la turbine TV Priest. La basse ronronne, le rythme s’assène. J’entends, un peu, du Pixies dans les guitares. Le chant songe, sans agresser. Là aussi, le morceau franchit l’épreuve avec mérites. The Breakers folke, à l’image de The Happiest Place On Earth, dans la ouate et avec expressivité. Il s’anime, plus vivement, sous l’effet de sa batterie. TV Priest, dans sa marmite, place une poignée d’ épices mais aussi, et ça s’entend, des éléments plus légers. Sa soupe est relevée, Unravelling est une bonne louchée de post-punk vif et insoumis, aux grattes chauffées à blanc. Ca fait le plus grand bien, dans toutes les options les quatre bonshommes s’en sortent de toute façon sans faillir. It Was A Gift éclaircit le trait, semble-t-il, avant de tracer à son tour. Il en sort, jouissifs, de bons gros coups de canifs sonores. La rythmique transpire, le public en live fera de même. I Am Safe Here se saccade, souple, d’une qualité égale.
My other people est d’autant plus persuasif qu’il ne rechigne pas à s’élargir, sans cesse abouti. On en aborde la fin avec, dans les oreilles, exactement ce qu’on venait chercher. Sunland, au bout du chemin, clôt le disque dans une grâce confondante. On en perçoit, à l’écoute, tout le ressenti. TV Priest peut bien se permettre, en l’occurrence, de finir sans déboiter. Il le fait fort bien et de plus, il vient de nous gaver de plages sans défauts aucun, dont la plupart décalquent alors que les autres étendent le spectre avec bonheur. Le tout sortant chez Sub Pop, comme précédemment, un peu avant l’excellent nouveau skeud de Built to Spill.