Oh bordel, Nasty Samy AKA Samuel Guillerand! Ce personnage. J’ai dévoré son Everyday is like Sunday, j’ai traversé la rase campagne pour aller le voir jouer, avec Teenage Renegade, dans l’alliance froid/noir/pluie. Ce mec est une montagne, une référence, un gaillard aux douze vies qu’une simple bio ne peut suffire à définir. Pluriel dans ce qu’il entreprend, affairé au point qu’on peine à le tracer, le bonhomme se plie cette fois à l’exercice de la reprise, le long de seize titres qui, des années collège à l’ennui du bahut, l’ont fait exister. Ou, tout au moins, lui en ont donné l’indéfectible sentiment. Il a du goût, ses covers sont toutes élevées et percutantes et au delà du fait, on se fade en bonus hautement instructif un petit bouquin de 48 pages. Lequel retrace l’historique de chaque titre joué, soulevant des pans de vie touchants, en plus de surligner le parcours exemplaire de Samy, devenu ici Nasty S. Avec, en guise d’hommes de main, ses Ghost Chasers sélectionnés dans son cercle d’amis musiciens de la scène française et internationale. Ca nous donne, dès Sex Beat (Gun Club) feat. Paul Smith et après une intro cinématographique répondant au nom de The Fire Within — Opening, une série de morceaux à la pêche m’évoquant d’emblée un nom: Hüsker Dü. Guitares assassines, mélodies toutes en vitesse, ça déflore et ça se passera comme ça jusqu’au terme du disque, reçu dans ma casbah alors que je ne m’y attendais pas. Le cadeau n’en est que meilleur encore, Creepy Jackalope Eyes (Supersuckers) feat. Patrice Fillol blaste pareillement et ma foi, j’ai largement dans cette galette de quoi frétiller de bonheur.
C’est bien pour ça que de titre en titre, je jubile et me voit renvoyé, avec délices, à ma propre jeunesse. Work For Food (Dramarama) feat. Forest Pooky bastonne, à son tour, dans les règles de l’art. Il rentre dans le lard, mélodique et survitaminé. The Last Of The Famous International Playboy (Morrissey) feat. Francis Altrach illustre lui le fanatisme de Samy pour le leader des Smiths, dans une ferveur mélodieuse qu’on s’empresse de valider. Rudderless (Lemonheads) feat. Mike Begnis me parle lui aussi, j’adore Dando et ses Têtes de Citron. J’en retrouve l’allant, la pop-rock pêchue et bien sertie. I Do, I Do, I Do (The Hard-Ons) feat. Wattie Delai dégomme, sans rétrograder. Se succèdent, en l’occurrence, les formations de haut vol. Il ne pourrait, de toute façon, en être autrement. Waiting for the Last Gasp of my Generation est uni, cohérent, il sue le rock de marge. To Walk The Night (Samhain) feat. Erin Sims, d’une veine dark-folk superbe, lui refile un surplus d’allure. Puis on renoue, dans la foulée, avec un rock teigneux et cadencé de toute première bourre (The Last Goodbye (Agent Orange) feat. Simon Chainsaw). Notons d’ailleurs, à ce sujet, l’apport des guests. Le gratin de ceux qui ne plient pas, glaviotant dans le micro à la gloire de la sphère indé. Hang Around (Tumbleweed) feat. Anne Durand, au chant féminin canaille, y dépose une power-pop rock’n’rollisante à nouveau imparable. A sa suite You Fight Like a Little Girl (Pegboy) feat. Paul Smith opte lui pour des vocaux virils et, de ce fait, installe le recueil dans l’excellence totale. On se régale.
Je pousse le volume, Oyster (Jawbreaker) feat. Rom Tom Cat me galvanise. Et là c’est le coup de grâce, le splendide et émouvant Shine On (The House of Love) feat. Fra, un de mes hymnes de tous les temps, résonne dans l’immeuble et fait trembler les meubles. A côté du hip-hop « délettré » du voisinage, j’ai une certaine dégaine. J’ai aussi les yeux humides, les 90’s ressurgissent mais pas le temps de pleurnicher -ou si peu-, S.F.S (Dag Nasty) feat. Macst m’administre une taloche punk-rock salutaire. Waiting for the Last Gasp of my Generation transcende, énergise, sonne comme une ode à la vie. Celle qu’au mitan d’un monde en décrépitude, nous allons trouver dans le son. Nausea (Therapy?) feat. Sylvain Bombled, tout en me remémorant l’achat du magique Nurse d’Andy Cairns and Co, rugit comme c’est pas permis. Dans le même temps je lis, avidement, En attendant le dernier soupir de ma génération, livret évoqué plus haut. Fourni, sincère, passionnant. Pour parachever le tout Transmission (Joy Division), clin d’oeil à une compo légendaire, en réitère l’impact en se passant de chant. C’est fini mais à ce moment, le seul et unique choix qui s’offre à moi, à toi, à nous, est de rejouer ce Waiting for the Last Gasp of my Generation. Je n’ai par ailleurs pas encore achevé la lecture du livre qui le complète, raison de plus pour poursuivre mon exploration au son de ces seize perles à la hauteur des aptitudes d’un Nasty S bien entouré et, qui osait en douter, d’un flair imprenable dans le choix de ses hommages. Excellentissime!