Paire constituée d’ Emmanuelle et Nicolas, Marie Mathématique dessine lo-fi, esquisse psyché, lorgne vers les 60’s mais a vu le jour au mitan des années 2010. Nicolas a ouvert pour Jonathan Richman, TV Personalities ou encore Half Japanese, les scènes de Marie Mathématique se font en duo/trio/quartet/quintet (et plus si affinité) avec Calvin Johnson, Jacco Gardner, Les Liminanas, Marietta, Shannon & the Clams et j’en passe. Le registre se poste entre les airs pop déglingués de Pastels, TV Personalities et Vaselines, dotés d’étoffes sucrées à la France Gall. Le bordel? Oui mais aussi, et surtout, un rendu tout bonnement irrésistible, qui met en joie et que Signe astral inaugure avec éclat, dans une veine « psych 60’s » merveilleuse. Pour l’instant retenu, Marie Mathématique propose ensuite une équation plus frontale, nommée Cinq-mars et Des Barreaux, à la dégaine Limiñanas fuzzée avec panache. Il va sans dire qu’on est preneur, le duel des chants apportant de plus quelque chose de notable alors que les guitares, en dérapant, salissent les belles mélodies du morceau. Excellent! À la soupe, entre chant doux et sous-tension, délivre ensuite un climat prenant. Découverte pour moi, Marie Mathématique me comble. Avec toi c’est Kafka, lo-fi urgent, fait valoir, à son tour, une alliance chantée qu’on approuvera.
Le duo a du style à revendre, niché entre des tendances qui s’imbriquent fragilement et magnifiquement. Avec toi c’est Kafka dissone, sonne dirty, puis c’est Ton western qui suinte une folk pétée de classe. Vous l’aurez compris, j’adore ce disque. Avant même sa fin, il comble ma soif. De sons vrais, de délires dénudés, d’élans noisy et de mélodies cotonneuses. We started something offre un instrumental de départ assez serein, avant que le chant délicat et des motifs élégants n’ornent l’ensemble. Tu ne m’aimes pas convoque des sons surf, touche à l’électro lo-fi, vire psyché ou presque. Il obsède, du coup on cède. A l’heure où on l’imagine décoller, il prend fin. Ici, on ne fait pas les choses comme attendu et c’est ça qu’est bien. Me & Mark Hamill fait son Vaselines, sur des couleurs Pastels. Marie Mathématique l’a clippé, normal il est trop bon. Son virage noisy enchante, ses ritournelles aussi. I’ve been away m’évoque The Notwist, dans les sonorités, alors que la voix d’homme se met en évidence. Rejointe, avec éclat, par l’organe féminin. Le nappage, à l’orgue me semble t-il, est par ailleurs de choix.
Plus loin Nos jours étranges, éponyme, chantonne en s’élaguant, réduit au minimum mais tout de même virevoltant. Et, comme de coutume, serti avec goût. Tordu aussi, bricolé et bien souillé. On adore. J’aurais voulu aimer la vie largue après ça un rock d’antan, ravissant, qui achève de nous persuader. Racé, séduisant à l’extrême. L’objet sort chez Lunadélia, boutique toulousaine à visiter régulièrement. Le long sommeil des Incas lui met fin dans ce mix de beauté et de salissure qui, au gré d’implosions sonores acidulées, fait de Nos jours étranges un must total, de même qu’une sortie à cocher dans les frais discographiques à venir car synonyme d’achat obligatoire pour tout amateur de lo-fi qui se respecte.